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Lutte contre le chikungunya, la dengue, la fièvre jaune et la maladie à virus Zika : de nouvelles lignes directrices apportent une harmonisation à l’échelle mondiale

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Aedes albopictus mâle stérile. (Photo : T. Wallner/AIEA)

Les pathogènes transmis par les moustiques peuvent causer des maladies et avoir de lourdes conséquences économiques. Alors que les moustiques deviennent de plus en plus résistants aux insecticides, qui sont en outre polluants, de nombreux gouvernements envisagent d’autres moyens de les combattre, notamment par des techniques nucléaires.

Le document intitulé Guidance Framework for Testing the Sterile Insect Technique as a Vector Control Tool against Aedes-Borne Diseases, fruit d’une collaboration entre l’AIEA, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a été publié en avril. Quinze experts de 12 pays ont participé à sa rédaction. Il servira de cadre d’orientation aux pays intéressés par l’utilisation de cette technique. Son élaboration et sa publication ont été financées conjointement par le Programme spécial de recherche et de formation concernant les maladies tropicales, par l’OMS et par l’AIEA dans le cadre du programme de coopération technique et de l’Initiative sur les utilisations pacifiques.

« Les procédures réglementaires de santé publique sont généralement strictes », déclare René Gato Armas, qui dirige le groupe de lutte biologique contre les vecteurs à l’Institut de médecine tropicale Pedro Kourí (Cuba). « En ce sens, ces lignes directrices aideront à mettre en œuvre des programmes de recherche et des programmes opérationnels ».

Qu’est-ce que la technique de l’insecte stérile (TIS) ? Il s’agit d’une méthode de contrôle des naissances des insectes. Des moustiques mâles sont stérilisés à l’aide de rayonnements puis relâchés. Lorsqu’ils s’accouplent avec les femelles sauvages, il n’y a pas de descendance, ce qui entraîne au fil du temps une diminution de la population de moustiques et des maladies qu’ils transmettent.

La TIS vise à limiter progressivement la transmission des maladies par les moustiques Aedes sans nuire à l’environnement. Cette méthode visant une seule espèce d’insecte, mise au point initialement pour combattre des organismes nuisibles agricoles comme la mouche tsé-tsé et la mouche des fruits, ne présente aucun risque pour les autres espèces ni pour les écosystèmes.

Selon Patricia Godoy-Kain, responsable de la gestion de programmes à l’AIEA, qui supervise un projet régional faisant intervenir la TIS en Amérique latine et aux Caraïbes, « une des grandes qualités de ce guide est qu’il harmonise la manière d’envisager la TIS et ses applications pour tous les États Membres de l’AIEA qui souhaitent ajouter une technique écologiquement rationnelle à leurs moyens de lutte contre les vecteurs de maladies ». 

Depuis longtemps, la TIS est utilisée contre les organismes nuisibles agricoles qui s’attaquent aux cultures et au bétail. Dans le cadre de la division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, les deux organisations ont fourni un appui technique à plus de 60 pays pour l’application de la TIS. La méthode a maintenant été adaptée à la lutte contre les moustiques Aedes.

« Le Brésil a éprouvé diverses difficultés à appliquer la TIS contre les moustiques Aedes », explique Maylen Gomez Pacheco, gestionnaire technique et scientifique à Biofábrica Moscamed Brasil. « Le cadre d’orientation est une excellente initiative pour renforcer et harmoniser les connaissances entre les États Membres de l’AIEA. Ce document de référence leur permettra de mettre en place les différentes étapes de la TIS avec assurance ».

Le document indique aux experts comment combattre les maladies transmises par les moustiques Aedes, comme le chikungunya, la dengue, la fièvre jaune et la maladie à virus Zika, qui font plus d’un million de victimes chaque année. En neuf chapitres, on y décrit comment lancer un programme, en commençant par une phase pilote qui permet de décider s’il y a lieu d’appliquer la technique dans les régions touchées d’un pays.

Le document traite aussi du passage à grande échelle et de la mise en œuvre complète du programme d’action, de l’évaluation des risques, des cadres réglementaires et de sujets techniques comme l’élevage en masse des insectes et les indicateurs entomologiques et épidémiologiques. Il fournit également des orientations sur la participation des communautés et, les moyens de garantir l’efficience du programme et l’efficacité de son suivi et de son évaluation.

Dans le cadre du projet de coopération technique de l’AIEA, la TIS a récemment été utilisée pour la première fois contre les moustiques Aedes en Grèce. Selon Antonios Michaelakis, Directeur de la recherche au Département d’entomologie et de zoologie agricole de l’Institut phytopathologique Benaki (Grèce), « il est important de continuer à développer la recherche sur la TIS et son utilisation contre les moustiques, depuis les essais pilote de validation à petite échelle jusqu’aux essais opérationnels à grande échelle ». La Grèce, considérée comme un pays à haut risque en ce qui concerne les maladies transmises par les moustiques Aedes, a mené des projets en vue de réduire ce risque au minimum. « Le nouveau cadre d’orientation commun pour l’évaluation des effets de la TIS est très important car il fournit les informations nécessaires à des recherches futures », ajoute M. Michaelakis.

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