En 2024, 147 incidents liés à des activités illégales ou non autorisées mettant en jeu des matières nucléaires et d’autres matières radioactives ont été enregistrés dans la Base de données sur les incidents et les cas de trafic (ITDB), ce qui correspond aux moyennes constatées par le passé. Les nouvelles données publiées aujourd’hui par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) soulignent la nécessité de rester vigilant et d’améliorer le contrôle réglementaire relatif à la sécurité des matières nucléaires et autres matières radioactives.
Trois incidents signalés en 2024 étaient probablement liés à un trafic ou à une utilisation malveillante, et les informations fournies ne permettaient pas de déterminer l’intention de 21 autres incidents. Les 123 incidents non liés à un trafic ou à une utilisation malveillante résultaient selon toute vraisemblance d’une mise au rebut ou d’une expédition non autorisée ou de la découverte de matières radioactives.
En 2024, le nombre d’incidents mettant en jeu des produits manufacturés, tels que des tuyaux usagés, contaminés par des matières radioactives a augmenté. « Cela montre que certains pays ont du mal à empêcher la mise au rebut non autorisée de sources radioactives et confirme en même temps l’efficacité de l’infrastructure de détection », a déclaré Elena Buglova, directrice de la Division de la sécurité nucléaire de l’AIEA.
La Base de données répertorie tous les types de matières nucléaires – en ce compris l’uranium, le plutonium et le thorium – mais aussi les radio-isotopes naturels ou produits artificiellement et les matériaux contaminés par des substances radioactives tels que les déchets métalliques. Elle renferme des informations sur des incidents portant sur la possession illégale, la tentative de vente et la contrebande de matières nucléaires et autres matières radioactives, ainsi que sur la mise au rebut non autorisée de matières et la découverte de sources radioactives perdues. Au total, 4 390 incidents ont été signalés depuis 1993.
Coopération internationale en matière de sécurité nucléaire
L’une des principales fonctions de l’ITDB est de favoriser le partage d’informations sur les incidents de sécurité nucléaire. Les incidents constatés l’an dernier ont été signalés par 32 des 145 États qui participent à l’ITDB.
« Les rapports d’incidents transmis par les pays participants au cours des 30 dernières années ont renforcé les efforts déployés dans le monde entier pour lutter contre le trafic illicite et autres activités non autorisées mettant en jeu des matières nucléaires et autres matières radioactives non soumises à un contrôle réglementaire, a indiqué Mme Buglova. L’analyse des informations qui figurent dans la Base permet, entre autres, de connaître les types de matières concernées, les menaces qui pèsent sur la sécurité nucléaire au niveau régional, ainsi que les tendances qui ressortent de ces données. »
Au cours de la dernière décennie, environ 65 % des vols consignés dans l’ITDB ont eu lieu lors d’un transport autorisé de matières nucléaires et autres matières radioactives. Ces matières sont le plus souvent transportées par route, rail, voie aérienne ou voie navigable, et sont destinées à diverses applications dans les domaines de la santé, de l’industrie et de la recherche scientifique. « Les données qui ressortent de l’ITDB montrent combien il est important de renforcer les mesures de sécurité du transport et, d’une manière générale, le contrôle réglementaire de la sécurité des sources radioactives », a souligné Mme Buglova.
À propos de l’ITDB
La Base de données sur les incidents et les cas de trafic (ITDB) favorise l’échange d’informations au niveau mondial sur les incidents mettant en jeu des matières nucléaires et d’autres matières radioactives soustraites au contrôle réglementaire parce qu’elles ont été perdues, volées, mises au rebut de manière inappropriée ou ont fait l’objet d’une autre forme de négligence. Elle renferme également des informations concernant des matières remises sous contrôle réglementaire à la faveur, par exemple de la détection de sources radioactives orphelines dans des installations de recyclage des métaux. Les données figurant dans l’ITDB sont fournies à titre volontaire, et seuls les États participants et les organisations internationales compétentes, telles que l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), peuvent y accéder.
L’ITDB recense les incidents mettant en jeu des matières nucléaires, des radio-isotopes et des matières contaminées par des substances radioactives. En signalant la perte ou le vol de matières dans l’ITDB, les pays augmentent leurs chances de récupérer ces matières et réduisent le risque qu’elles soient utilisées à des fins criminelles. Les États peuvent également signaler les escroqueries ou les actes de désinformation dans le cadre desquels des matières sont faussement signalées comme étant des matières nucléaires ou d’autres matières radioactives.
Les États qui souhaitent adhérer à l’ITDB doivent en faire la demande à l’AIEA par les voies officielles (mission permanente, ministère des affaires étrangères ou autorité nationale compétente pour les questions de sécurité nucléaire).