Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer dans le monde. Selon une nouvelle étude cosignée par l’AIEA et publiée récemment dans le Journal of Clinical Oncology (JCO), l’imagerie médicale et la médecine nucléaire jouent un rôle clé dans le diagnostic précoce et le traitement du cancer du poumon.
L’AIEA a travaillé avec des experts internationaux de sept organisations influentes dans le domaine de la cancérologie pour produire un document exhortant à améliorer les installations d’imagerie médicale et de médecine nucléaire dans le monde, ce qui permettrait de traiter plus équitablement tous les patients atteints de cancer du poumon dans le monde et de combler les lacunes en matière de soins aux patients atteints de ce cancer.
La base de données de l’AIEA sur les ressources mondiales en imagerie médicale et en médecine nucléaire (IMAGINE) révèle des inégalités croissantes entre les pays en matière de capacités de diagnostic. Ainsi, en Europe et en Amérique du Nord, on compte plus de 31 000 appareils de tomodensitométrie, contre environ 1 000 en Afrique subsaharienne. Cela signifie que pour un million d’habitants, il y a environ 28 appareils de tomodensitométrie en Europe et en Amérique du Nord, contre un seul en Afrique subsaharienne. Vingt-huit pays d’Afrique ne disposent d’aucun appareil de radiothérapie, et encore faut-il que des traitements soient disponibles une fois le cancer diagnostiqué.
De manière générale, les traitements contre le cancer sont disponibles dans plus de 90 % des pays à revenu élevé mais dans moins de 30 % des pays à faible revenu. L’imagerie médicale, la radiologie et la médecine nucléaire jouent un rôle prépondérant dans la prise en charge des patients atteints de cancer du poumon. L’imagerie médicale regroupe l’ensemble des technologies utilisées pour étudier le corps humain pour diagnostiquer, surveiller ou traiter des maladies. Grâce à la médecine nucléaire, il est possible d’administrer aux patients de petites quantités sûres de radiopharmaceutiques pour le diagnostic et, dans certains cas, pour le traitement des maladies.
L’étude, qui se fonde sur des données et d’autres études concernant la situation du cancer du poumon dans le monde, présente les lacunes en matière de diagnostic et de traitement de cette maladie. Il en ressort qu’un diagnostic rapide du cancer du poumon est essentiel pour une prise en charge appropriée des patients. Il peut également contribuer à la mise en place d’interventions vitales et de mesures palliatives améliorant la qualité de vie des patients.
En janvier 2020, le New England Journal of Medicine a publié les derniers résultats de l’essai de dépistage randomisé du cancer du poumon réalisé en Belgique et aux Pays-Bas (NELSON). Le dépistage par tomodensitométrie à faible dose effectué sur plus 15 000 personnes pendant 10 ans a révélé que le nombre total de décès dus au cancer du poumon a baissé d’environ 33 % chez les femmes et de 24 % chez les hommes par rapport aux patients à haut risque qui n’avaient pas été repérés par cette méthode. Face à ces résultats, le Parlement français a insisté pour que des études et des dépistages similaires soient réalisés en France.
« Au début, le cancer du poumon peut être traité mais la plupart des patients, surtout dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où l’accès au diagnostic et au traitement est limité, ne viennent se faire diagnostiquer que lorsque la maladie est déjà à un stade avancé », explique Miriam Mikhail, spécialiste en radiologie diagnostique à l’AIEA, coauteure de l’étude. Les stratégies mondiales de santé publique pour lutter contre le cancer du poumon se concentrent sur les causes connues, telles que le tabac, le radon et l’amiante. Selon Mikhail, un diagnostic au premier stade, tel que le dépistage par tomodensitométrie à faible dose des personnes présentant un risque élevé, peut favoriser des interventions vitales et des mesures palliatives.
« Il est possible d’améliorer les résultats de traitement du cancer du poumon », affirme-t-elle. « Avec les résultats de cette étude, nous espérons susciter des discussions stratégiques de haut niveau sur la nécessité d’améliorer les installations d’imagerie médicale pour lutter contre cette maladie ».
Le cancer du poumon représente à lui seul 11,6 % des nouveaux cas de cancer et 18,4 % des décès par cancer dans le monde. Il a des conséquences humanitaires, avec son lot de décès prématurés, et des incidences socio-économiques sur les populations, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où l’accès au dépistage précoce et aux traitements est souvent limité. Les auteurs de l’étude mondiale sur le cancer du poumon voulaient insister sur les conséquences de la maladie : un traitement approprié à l’aide d’une imagerie médicale de qualité donne des résultats nettement meilleurs pour les patients et les pays, à moyen et à long terme.
Pour cette étude, les experts de l’AIEA ont travaillé avec ceux de l’Abramson Cancer Center de l’Université de Pennsylvanie, de l’Hôpital universitaire de Zurich, de la Société européenne d’oncologie médicale, de l’Association européenne de médecine nucléaire, du Tata Memorial Centre, du Memorial Sloan Kettering Cancer Center et du MD Anderson Cancer Center.