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L’AIEA lance une campagne pour réduire les fortes inégalités face au cancer dans le monde

4/2022
Addis-Abeba, Ethiopie

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a lancé aujourd’hui un plan pour remédier à la grave pénurie de capacités de traitement du cancer dans de nombreux pays pauvres, à commencer par l’Afrique où les gens meurent souvent de cette maladie parce qu’ils n’ont pas accès à la médecine nucléaire et à la radiothérapie qui pourraient leur sauver la vie.

Soulignant que le temps presse face à une crise mondiale croissante du cancer, le Directeur général, Rafael Mariano Grossi, a annoncé l’initiative « Rayons d’espoir » de l’AIEA à la veille d’un sommet des chefs d’État de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis­Abeba. Plus de 20 membres de l'Union Africaine ne disposent pas d’un seul appareil de radiothérapie.

« Des millions de personnes vivant dans des pays moins avancés meurent d’un cancer qui est souvent traitable et guérissable. Nous avons le devoir moral de faire tout notre possible pour renverser cette triste situation », a-t-il déclaré.

Tenu à l'occasion de la Journée mondiale du cancer, l'événement de lancement a été accueilli par le président Macky Sall (Sénégal), prochain président de l’Union africaine (UA), et Didier Mazenga, ministre de l’intégration régionale de la République démocratique du Congo, au nom du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, président en exercice de l'UA. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (CUA), a pris la parole lors de l’événement, auquel a aussi participé le président Lazarus Chakwera (Malawi).

Pour donner plus de poids à cette initiative, le Directeur général a publié une déclaration commune avec le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirmant que le traitement du cancer reste inaccessible dans de nombreuses régions du monde et que « la disparité est particulièrement aiguë » en Afrique.

« Ensemble, et avec l’initiative Rayons d’espoir qui donne un nouvel élan, l’AIEA et l’OMS restent déterminées à intensifier leur étroite collaboration de longue date afin d’atteindre leurs objectifs communs, de mettre fin aux inégalités en matière de prise en charge du cancer et d’accélérer les progrès vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU », indique la déclaration commune.

Le nombre total de décès dus au cancer dans le monde devrait augmenter de 60 % au cours des vingt prochaines années, pour atteindre 16 millions de personnes chaque année. Les pays à revenu faible ou intermédiaire - en Afrique et ailleurs - sont les plus touchés par cette tragédie sanitaire mondiale, avec des taux de mortalité bien supérieurs à ceux des régions plus riches.

L’initiative Rayons d’espoir se fonde sur les six décennies d’expérience et d’expertise de l’AIEA dans le diagnostic et le traitement de différents types de tumeurs à l’aide de la science nucléaire. Elle vise à mobiliser des ressources financières et des partenaires et à galvaniser la volonté politique d’intensifier la lutte contre un fléau tuant de nombreuses personnes qui auraient pu être traitées avec succès grâce aux technologies médicales modernes.

Elle cherchera à promouvoir la prise en charge du cancer pour tous en améliorant la disponibilité des services de radiothérapie, d’imagerie médicale et de médecine nucléaire, qui sont essentiels pour dépister et guérir cette maladie. Elle permettrait non seulement d’éviter d’innombrables décès – 700 000 personnes ont succombé au cancer rien qu’en Afrique en 2020 - mais aussi d’apporter d’importants avantages sociétaux et économiques.

Différences considérables entre les taux de survie au cancer

« L’initiative Rayons d’espoir offre une voie à suivre pour remédier à la disparité mondiale en matière de prise en charge du cancer, grâce à des projets concrets qui permettent de mettre en place ou d’étendre les infrastructures nécessaires, d’acheter des équipements de radiothérapie et de former le personnel », a déclaré M. Grossi, devant un parterre de dirigeants africains et de hauts responsables gouvernementaux. « Elle nous permettra de sauver de nombreuses vies et de soutenir les communautés et les économies qui dépendent de la santé de leurs habitants. »

Plus de 70 % des décès par cancer devraient survenir dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui ne reçoivent encore que 5 % des dépenses mondiales dans ce domaine. En Afrique, le cancer tue au moins autant de personnes que le paludisme chaque année. Ajoutant aux défis, la pandémie de COVID-19 a provoqué une forte baisse des procédures de médecine nucléaire en Afrique.

« Cette pandémie silencieuse ne reçoit qu’une part négligeable des fonds disponibles ailleurs et pour d’autres maladies. C’est pourquoi l’initiative Rayons d’espoir de l’AIEA, lancée en Afrique, s’étendra ensuite aux pays en développement du reste du monde », a déclaré le Directeur général. « Ensemble nous pouvons faire quelque chose d’important face à l’actuelle crise du cancer en Afrique et ailleurs. »

Les différences marquées entre les taux de survie au cancer dans les pays riches et les pays pauvres soulignent à la fois l’urgence des besoins et les possibilités considérables de sauver davantage de vies. Pour le cancer du col de l’utérus comme pour le cancer pédiatrique, sept patients sur dix survivent dans les pays à revenu élevé, contre trois ou moins en Afrique.

En comblant les lacunes en matière d’imagerie, de traitement et de qualité des soins, on éviterait 2,5 millions de décès par cancer en Afrique, selon un rapport de la Commission du Lancet Oncology de 2021, cosigné par l’AIEA. Les gains économiques sont tout aussi évidents : selon le rapport, pour chaque dollar dépensé pour atteindre cet objectif, le retour sur investissement s’élève à 21 dollars sur la durée de vie moyenne des patients.

L’assistance de l’AIEA au cours des dernières décennies a permis à des dizaines de pays d’établir des capacités de médecine radiologique sûres, sécurisées et efficaces ou de les renforcer. Mais des ressources supplémentaires sont nécessaires pour combler un manque persistant et considérable d’équipements nécessaires et de personnel qualifié dans de nombreuses régions du monde.

Solutions innovantes pour le traitement du cancer

L’initiative Rayons d’espoir mettra en place une coalition de partenaires et de donateurs du secteur public, du secteur privé et de la communauté internationale, travaillant en étroite collaboration avec l’OMS. Plusieurs pays ont déjà exprimé leur intention de soutenir l’initiative.

Même des investissements relativement modestes - la mise en place et le fonctionnement d’une unité de radiothérapie capable de traiter 500 patients par an peut coûter 7,5 millions de dollars des États-Unis - feront une différence significative dans la capacité d’un pays à offrir à sa population un traitement adéquat du cancer. La moitié des patients atteints de cancer ont besoin d’une radiothérapie, et cette proportion est encore plus élevée dans les pays où le cancer est souvent diagnostiqué tardivement.

Pour la première phase de l’initiative, M. Grossi a déclaré que la mise en œuvre commencerait immédiatement dans les sept pays suivants : Bénin, Kenya, Malawi, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal et Tchad.

« Répondre aux besoins des États Membres sera une priorité dans le cadre de l’intiative Rayons d’espoir pour améliorer le traitement du cancer en Afrique », a déclaré Shaukat Abdulrazak, directeur de la Division de l’Afrique de l’AIEA.

Pour aider à combler les déficits de financement existants, l’AIEA a préparé trois formules différentes pour les donateurs et autres partenaires, d’un montant maximal de 16 millions de dollars des États-Unis, en fonction des besoins des pays. Chaque formule - qui peut être étoffée - couvrirait les dépenses d’investissement pour une unité de traitement ainsi que la formation du personnel à son fonctionnement.

« Les formules élaborées par l’Agence sont basées non seulement sur les coûts initiaux d’infrastructure, d’achats et de formation, mais aussi sur les coûts de maintenance du matériel, pour que le centre créé reste viable et durable à l’avenir », a déclaré Lisa Stevens, directrice du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie (PACT) de l’AIEA.

La recherche-développement constitue un élément essentiel de l’initiative, car elle permettra de trouver des solutions de traitement plus efficaces.

« Les solutions innovantes peuvent jouer un rôle extrêmement important pour aider à couvrir les besoins d’accès au traitement du cancer », a déclaré May Abdel Wahab, directrice de la Division de la santé humaine de l’AIEA. « Nous devons développer les capacités en achetant des équipements et en formant du personnel, mais la recherche apportera aussi une contribution en optimisant, par exemple, le nombre de séances de radiothérapie nécessaires et en trouvant des gains d’efficacité pour traiter plus de personnes avec moins de moyens. »

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