Grâce à une base de données de l’AIEA et à l’utilisation de méthodes s’appuyant sur des isotopes stables, les scientifiques peuvent déterminer la trajectoire migratoire de plusieurs types d’insectes, dont les papillons. Dans un article publié récemment dans la revue Diversity, un groupe de scientifiques a présenté les résultats d’une étude sur la migration de six espèces de papillons, depuis le Canada et les États-Unis d’Amérique vers le Mexique. Il s’agit de la première étude du genre à établir les origines et les couloirs de migration de plusieurs espèces de papillons au Mexique. Sur la base de ces données scientifiques, les autorités peuvent élaborer des stratégies de protection de ces insectes pendant leur voyage.
« Savoir d’où viennent les papillons pendant la migration aide à orienter les stratégies de conservation qui peuvent être nécessaires pour protéger les ressources dans leurs zones de reproduction. De même, savoir où ils vont en hiver aide à protéger les habitats en question pendant leur séjour », a déclaré Leonard Wassenaar, ancien chef du Laboratoire d’hydrologie isotopique de l’AIEA. « Le lien entre les emplacements géographiques dans le cycle de vie annuel des papillons ne peut être établi sans recourir aux méthodes isotopiques. »
La recherche s’appuie sur la mesure du deutérium – un isotope rare de l’hydrogène - dans l’eau de pluie, qui est directement ingéré par les animaux et les humains. Comme l’eau de pluie et sa composition en deutérium sont uniques à la zone où il pleut, la teneur en deutérium de l’eau de pluie sert de marqueur direct que les scientifiques peuvent utiliser pour identifier l’origine d’animaux individuels nés dans différentes zones en mesurant la quantité de deutérium dans des poils, des ailes, des griffes, des plumes ou des os. Pour les papillons, la teneur en deutérium est mesurée dans les ailes et indique la zone de naissance d’un insecte.
Alors que les isotopes sont utilisés depuis des décennies pour établir avec précision les couloirs de migration de certains insectes, comme le papillon monarque (Danaus plexippus), les schémas et les couloirs de migration de douzaines d’autres espèces de papillons, d’insectes et d’autres animaux migrateurs n’ont pas encore été établis au Mexique et dans d’autres pays.