La malnutrition se manifeste sous des formes variées, qui vont de l’obésité et du retard de croissance au faible rapport poids/taille, appelé émaciation. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), estime que la dénutrition, due à plusieurs facteurs dont un allaitement au sein non optimal et une carence en protéines et en micronutriments essentiels, est responsable de 45 % des décès annuels des enfants de moins de cinq ans, lesquels surviennent en majorité dans des pays à revenu faible et intermédiaire.
En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le nombre de cas de malnutrition sévère parmi les enfants de moins de cinq ans devrait être supérieur à 15 millions en 2020, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM). La COVID-19 a perturbé la production et la distribution de nourriture, de sorte que les populations ont plus de mal à maintenir une alimentation équilibrée. Pour mieux faire comprendre la manière dont les nutriments sont absorbés, utilisés ou stockés par l’organisme, et contribuer ainsi à améliorer sensiblement la santé des enfants, l’AIEA s’efforce, en collaboration avec plusieurs pays d’Afrique, de mettre à profit des techniques isotopiques et nucléaires afin d’éclairer les politiques et programmes à mettre en œuvre en la matière.
« La sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire, ainsi qu’une alimentation suffisante, sont des facteurs qui jouent un rôle crucial dans le développement socioéconomique en Afrique », a expliqué Shaukat Abdulrazak, Directeur de la division de l’Afrique du Département de la coopération technique de l’AIEA, lors d’un webinaire sur les systèmes alimentaires résilients pour une alimentation saine organisé le 30 octobre par la Commission de l’Union africaine (AUC) à l’occasion de la 11e Journée africaine pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (JASAN). « Les techniques nucléaires peuvent venir compléter les méthodes traditionnelles pour évaluer le double fardeau de la malnutrition », a-t-il déclaré, faisant ici allusion aux situations où se côtoient deux formes ou plus de malnutrition.
La Journée africaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle a pour but de mettre en avant l’importance primordiale que revêt cette question dans le programme de développement de l’Afrique. Le webinaire a permis d’entendre des représentants de l’AUC, de l’AIEA, du PAM, de l’UNICEF et de la FAO, ainsi que des intervenants issus d’organismes publics, du secteur privé, de l’enseignement supérieur et d’instituts de formation technique.
L’AIEA et l’AUC ont signé en 2018 leur premier accord, qui met en place un cadre de coopération visant à favoriser le développement durable dans la région. Ce cadre prévoit notamment d’exploiter les techniques nucléaires et dérivées du nucléaire pour stimuler la production alimentaire, générer des pratiques d’agriculture intelligente face au climat, gérer les ressources en eau, renforcer la sécurité sanitaire des aliments et de l’eau, contribuer à l’amélioration de la nutrition infantile et lutter contre la malnutrition qui touche les populations tout au long de leur vie.
« De nombreux cas de dénutrition sont dus au fait que les aliments consommés ne sont pas de bonne qualité. [Cela] relève d’un problème de sécurité alimentaire », explique Lailà Lokosang, Conseiller du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine de l’AUC et coordinateur de cette Journée. « Nous sommes convaincus qu’il existe un lien entre le niveau accru de malnutrition observé ces derniers mois et la COVID-19. Nous devons plus que jamais prendre les devants pour lutter ensemble contre la malnutrition en Afrique. »