Les scientifiques du Sahel découvrent des sources d’eau souterraine de qualité, grâce à une technique nucléaire et à une décennie de soutien et de formation assurés par l’AIEA.
Les ressources en eau sont menacées par la demande croissante en eau, la dégradation de la qualité de l’eau et les changements climatiques. Sur le continent, plus de 41 aquifères souterrains sont partagés par deux pays ou plus, d’où l’intérêt de mettre en place une approche commune de la protection de ces aquifères.
Pour renforcer la caractérisation, la gestion et la surveillance des ressources en eaux souterraines en Afrique, l’AIEA aide les experts africains à utiliser des techniques nucléaires telles que l’hydrologie isotopique. Grâce à l’analyse des isotopes naturels (un type d’atome) présents dans les eaux souterraines, les scientifiques peuvent déterminer l’âge des ressources en eau, leur vulnérabilité et leur durabilité. L’analyse des isotopes de l’azote présents dans l’eau peut également permettre de déterminer la source des polluants qui menacent les aquifères, renforçant ainsi la sécurité de l’eau et la planification de la résilience.
L’AIEA possède un laboratoire d’hydrologie isotopique de pointe, qui assure la cartographie de l’eau et fournit des informations scientifiques pour la gestion durable des ressources en eau telles que les rivières, les lacs et les aquifères souterrains.
Dans le cadre de son programme de coopération technique, l’AIEA a dispensé des formations, appuyé la recherche universitaire et mis du matériel à la disposition des scientifiques du Sahel, dont les ressources en eau sont particulièrement réduites et qui dépendent des eaux souterraines.
À la suite de projets antérieurs, les experts des 13 pays du Sahel peuvent désormais mieux caractériser les ressources en eaux souterraines partagées dans cinq bassins afin de promouvoir un développement socio-économique durable. Le projet actuel prend appui sur une décennie de travaux menés par les pays du Sahel, avec le soutien de l’AIEA, pour faire face à la pénurie d’eau et en faciliter la gestion transfrontalière. Il est actuellement élargi et porte désormais sur les bassins partagés du sud du continent et sur l’utilisation des isotopes de l’azote pour l’étude de la qualité de l’eau.
Les scientifiques participant au projet ont déjà confirmé la présence d’une grande quantité d’eaux souterraines de qualité dans les bassins du Sahel grâce à l’hydrologie isotopique. Il s’agit là d’une découverte capitale, eu égard au rôle important que les eaux souterraines peuvent jouer dans l’approvisionnement en eau de la région.
L’AIEA a récemment fourni au Laboratoire d’hydrologie appliquée et de géologie environnementale de l’Université de Lomé (Togo) un analyseur isotopique laser utilisé pour mesurer les isotopes stables de l’oxygène et de l’hydrogène présents dans les échantillons d’eau. Le laboratoire fonctionne sous la direction du scientifique togolais Goumpoukini Boguido.
« Aujourd’hui, c’est grâce au soutien apporté par l’AIEA dans le cadre de ma formation que notre laboratoire produit des résultats d’analyse de haute qualité et peut mener des projets de recherche et fournir des services d’analyse de bonne qualité même en dehors du Togo », affirme Goumpoukini Boguido, qui achève son doctorat avec le soutien de l’AIEA.
Les scientifiques participant au projet ont déjà confirmé une grande quantité d’eaux souterraines de qualité dans les bassins du Sahel grâce à l’hydrologie isotopique. Il s’agit là d’une découverte capitale, eu égard au rôle important que les eaux souterraines peuvent jouer dans l’approvisionnement en eau de la région.
Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, Goumpoukini Boguido effectue des analyses physico-chimiques et isotopiques d’échantillons d’eau prélevés dans diverses zones de la région. Il supervise également des étudiants au niveau de la licence, de la maîtrise et du doctorat.
Abdallah Mahamat Nour, Directeur du Laboratoire d’hydrogéosciences et de réservoirs (LHGR) de l’Université de N’Djaména (Tchad), fait savoir que le projet de coopération technique de l’AIEA lui a été d’un précieux secours dans son travail de chercheur postdoctoral.
« Mon projet postdoctoral a permis de faire des progrès significatifs dans la compréhension des ressources en eau du bassin du lac Tchad », indique Abdallah Mahamat Nour. « Grâce à ce soutien, j’ai pu mettre en place un certain nombre d’outils et de matériels qui sont aujourd’hui très utiles pour les activités du LHGR ». Abdallah Mahamat Nour supervise également les travaux de recherche de plusieurs boursiers tchadiens de l’AIEA, les guidant dans leurs projets de recherche faisant appel à l’hydrologie isotopique.
Dans le cadre d’un programme de troisième cycle de l’AIEA destiné aux doctorants, aux étudiants en master et aux boursiers postdoctoraux, les étudiants apprennent à mieux caractériser les échantillons d’eau afin de cartographier les ressources en eaux souterraines, ce qui favorise l’autonomie de la région dans le domaine de l’hydrologie isotopique. Le programme a accueilli 60 étudiants, dont 21 femmes. Sept étudiants ont déjà achevé le cours et obtenu leur diplôme.
Des publications scientifiques élaborées en collaboration avec des auteurs des pays participants paraissent dans des revues spécialisées, ce qui constitue un excellent exemple de coopération Sud-Sud.
S’appuyant sur les acquis de sa phase initiale, le projet actuel élargit son champ d’action du Sahel à d’autres régions d’Afrique. Le programme continuera à soutenir le réseau existant de pays du Sahel et cherchera à étendre sa zone d’action aux États Membres du sud du continent qui partagent des ressources en eau, telles que le fleuve Orange, le système aquifère du Zambèze moyen, les bassins de l’Inkomati-Maputo et du Grand Okavango.
Dans le cadre de son programme de coopération technique, l’AIEA a mis en œuvre une série de projets d’envergure sur l’évaluation et la gestion des ressources en eau du Sahel. Les projets concourent à la gestion durable des ressources en eaux souterraines partagées dans la région, contribuant ainsi au développement socio-économique aux niveaux régional et local, répondant ainsi à l’objectif de développement durable 6 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.