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Changement climatique et café : lutte contre la rouille du caféier à l’aide des techniques nucléaires

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Coffee leaves display symptoms of coffee leaf rust disease

Feuilles de caféier présentant des symptômes de rouille du caféier au CIFC (Portugal). (Photo : I. Ingelbrecht/AIEA)

L’industrie du café génère environ 100 milliards de dollars des États-Unis par an. Cependant, le changement climatique et les variations des conditions météorologiques, autrefois propices à la culture du café, qu’il engendre s’accentuent dans beaucoup de régions traditionnellement caféicoles, entraînant une augmentation de la rouille du caféier, maladie qui peut tuer cette plante.

En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’AIEA collabore avec des experts nationaux afin d’atténuer, à l’aide de techniques nucléaires, le stress dû à la rouille subi par le caféier. Actuellement, et c’est une première pour l’AIEA, des experts sont formés à l’utilisation des techniques de sélection végétale en vue de l’élaboration de variétés de café résistantes au champignon responsable de la rouille du caféier. La formation reçue s’inscrit dans un projet de recherche coordonnée sur cinq ans dans le cadre duquel des scientifiques de six pays mènent des travaux de recherche sur des variétés de caféiers résistantes à la maladie.

« Les cultivateurs ont remarqué que le changement climatique avait pour effet des réduire les récoltes de café et que les précipitations irrégulières, que connaissent beaucoup des régions caféicoles, favorisent la propagation de la maladie », indique Ivan Ingelbrecht, chef du Laboratoire de la sélection des plantes et de la phytogénétique au Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture. « La variété de café arabica est généralement cultivée sous des climats plus froids, à flanc de montagne, dans des zones ombragées, mais on constate aujourd’hui que les températures augmentent avec l’altitude en montagne et cela a une incidence sur la propagation de maladies, comme la rouille du caféier », poursuit-il

La culture du café au Costa Rica

Au Costa Rica, la plupart des plantations de café sont des exploitations familiales qui occupent des terrains de petite à moyenne taille. Les graines y sont souvent récoltées à la main par des travailleurs saisonniers. Ce processus intensif requiert du temps et nécessite jusqu’à 14 000 travailleurs du Costa Rica et du Panama pendant la saison des récoltes.

Comme le changement climatique accentue des conditions météorologiques défavorables aux caféiers, les possibilités de travail saisonnier, d’où les travailleurs tirent un moyen d’existence, sont réduites. On a constaté qu’avec le changement des régimes pluviométriques et l’augmentation des températures, une plante atteinte de la rouille du caféier devenait plus vite infectieuse, c’est-à-dire que le taux d’infection et la propagation d’une plante à une autre augmentent.

En collaboration avec l’AIEA et la FAO, l’Institut du café du Costa Rica (ICAFE) a étudié les incidences de la rouille du caféier dans le pays en vue d’y remédier. Depuis 2010, les relevés montrent une augmentation de la température et des changements dans les régimes pluviométriques, et les cultivateurs de café ne peuvent pas faire la récolte aux époques habituelles.

« Une productivité moindre a une incidence sur les revenus des cultivateurs ; elle réduit donc les ressources disponibles pour la plantation et met en péril la conservation des exploitations pour les générations à venir, ce qui pourrait avoir des répercussions sur le modèle futur de possession des terres dans notre pays », explique Reina Céspedes, biotechnologue à l’ICAFE. « Il est indispensable de progresser dans la génétique du caféier pour améliorer la qualité de vie des familles des producteurs de café, préserver la propriété terrienne et contribuer à la durabilité de l’environnement. »

La recherche sur le café au Portugal

Au Portugal, pays qui participe au projet FAO/AIEA, se trouve le Centre de recherche sur les rouilles du caféier (CIFC). Près de 3 600 échantillons de rouille du caféier provenant de 40 pays du monde entier ont été évalués dans ce centre, où les scientifiques ont identifié 50 types de rouille différents sur 23 variétés de caféiers. Le projet a permis d’identifier trois nouveaux variants de l’agent pathogène responsable de la rouille du caféier. La recherche portant sur ces formes de rouille rencontrées à l’échelle mondiale facilitera l’identification d’une variété de caféier résistante à cette maladie, opération qui n’est pas une mince affaire compte tenu du large éventail d’espèces responsables de la rouille du caféier.

« C’est en 2011 que nous avons eu connaissance, par les cultivateurs de café, les pathologistes et les bulletins techniques de pays producteurs de café, de l’impact du changement des régimes climatiques sur les récoltes », déclare Vítor Várzea, phytopathologiste au CIFC. « Il est urgent que nous trouvions et que nous caractérisions de nouvelles variétés de caféiers qui soient résistantes à la rouille et dont la culture puisse être étendue à d’autres pays. »

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