L’équipe spéciale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) chargée d’examiner la sûreté des opérations de rejet envisagées pour évacuer l’eau traitée entreposée à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a effectué cette semaine une mission au Japon afin de passer en revue les aspects réglementaires de ce projet.
En avril 2021, le Gouvernement japonais a présenté ses Principes de base pour les rejets en mer de l’eau traitée, sous réserve de l'approbation de l’Autorité nationale de réglementation nucléaire (ARN), l’organisme indépendant créé comme suite à l’accident survenu en 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.
Au cours des cinq derniers jours, l’équipe spéciale et des responsables de l’ARN se sont réunis à Tokyo pour discuter des responsabilités en matière de réglementation, du processus d’autorisation, des préparatifs du contrôle radiologique de l’environnement et des plans de l’ARN pour mener des consultations avec le public et le faire participer au processus réglementaire. L’équipe spéciale s’est fermement engagée à veiller à ce que les projets de réglementation relatifs aux rejets d’eau traitée soient conformes aux normes de sûreté de l’AIEA.
Les normes de sûreté de l’AIEA sont l’expression d’un consensus international et servent de référence mondiale pour assurer la protection des personnes et de l’environnement contre les effets dommageables des rayonnements ionisants.
Il y a un an, après la publication des Principes de base, le Gouvernement japonais a demandé à l’AIEA d’examiner la sûreté de leur plan de mise en œuvre au regard de ces normes.
Disant que l’AIEA apporterait son appui au Japon avant, pendant et après les opérations de rejet, le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a créé l’an dernier une équipe spéciale constituée de membres du personnel de l’AIEA et d’éminents experts externes de 11 pays et agissant à titre personnel sous l’autorité de l’AIEA, pour procéder à cet examen de la sûreté.
La mission de cette semaine a porté sur les aspects réglementaires. La première mission, en février 2022, a fait progresser à grands pas l’évaluation de la sûreté des plans techniques et opérationnels de l'exploitant, la Compagnie d’électricité de Tokyo (TEPCO), et du Ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (METI).
Le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a déclaré que l’examen des aspects réglementaires et techniques effectué par l’équipe spéciale déboucherait sur une analyse approfondie de la sûreté des opérations de rejet. « L’examen, effectué de manière objective et crédible et fondé sur des données scientifiques, contribue à véhiculer un message de transparence et à renforcer la confiance des populations au Japon et ailleurs », a-t-il ajouté.
Gestion et contrôle radiologique de l’eau
L’eau accumulée sur le site de Fukushima Daiichi depuis l’accident d'il y a 11 ans a été traitée au moyen d’un processus de filtration, le Système avancé de traitement des liquides (ALPS), afin d'en réduire la radioactivité avant de l'entreposer dans des cuves. L'espace commence à manquer pour ces cuves et l’eau traitée doit être traitée à long terme afin de pouvoir poursuivre le nécessaire déclassement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.
« La gestion de l’eau traitée entreposée au site de Fukushima Daiichi est une situation complexe du point de vue de la réglementation de la sûreté. L’ARN a montré à l’équipe spéciale de l’AIEA qu’elle était déterminée à appliquer une approche réglementaire conforme aux normes de sûreté de l’AIEA », a indiqué Lydie Evrard, Directrice générale adjointe et Chef du Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA, au cours d’une conférence de presse en ligne.
Outre l'aspect technique et réglementaire, l’examen effectué par l’équipe spéciale comporte un troisième volet : l’échantillonnage et l’analyse indépendants de l’eau traitée afin de corroborer les données de la TEPCO sur l’eau entreposée dans les cuves et sur l’environnement marin.
Se fondant sur l’expérience tirée de l’échantillonnage effectué en février, les membres de l’équipe spéciale ont également observé durant cette visite technique les échantillons prélevés par la TEPCO sur le site et recueilli quelque 150 litres d’eau traitée, qui seront envoyés pour analyse aux laboratoires de l’AIEA à Monaco, à Seibersdorf et à Vienne, et à trois laboratoires dans d’autres États Membres.
Conclusions du rapport
L’équipe spéciale formulera ses observations découlant des discussions de cette semaine dans un rapport qui sera publié dans deux mois environ. Ce rapport rendra compte des progrès de l'examen et l’ARN s’est engagée à tenir compte des conclusions lors de son examen réglementaire indépendant des opérations de rejet envisagées. Le rapport de la mission d’examen technique de février sera disponible dans un mois environ.
Le Japon a invité l’équipe spéciale à effectuer des missions de suivi des examens technique et réglementaire cette année et l’an prochain.
Un rapport détaillé contenant les conclusions générales de l’équipe spéciale sera publié avant tout rejet d’eau traitée.
« Durant cette semaine, l’ARN et l’équipe spéciale ont tenu des discussions franches et exhaustives qui ont permis à l’équipe spéciale de bien comprendre l'aspect réglementaire des plans techniques de la TEPCO et du METI pour le rejet de l'eau traitée. Cette approche ouverte et transparente facilitera l’examen des aspects réglementaires essentiels par l’équipe spéciale », a déclaré Gustavo Caruso, un directeur du Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA et Président de l’équipe spéciale.
De plus amples informations sur l’examen par l’AIEA du rejet de l’eau traitée sont disponible sur cette page web, qui est régulièrement mise à jour.