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Les experts de l’AIEA avancent à grands pas dans l’examen de la sûreté du plan de rejet des eaux traitées à la centrale de Fukushima

8/2022
Tokyo (Japon)

Cette semaine, pour sa première mission au Japon, une équipe spéciale d’experts dépêchée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a prélevé des échantillons d’eau et passé au crible des données techniques détaillées afin d’évaluer la sûreté du plan que les autorités de ce pays envisagent de mettre en œuvre pour rejeter en mer les eaux traitées à la centrale de Fukushima Daiichi.

Mise sur pied l'an dernier par le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, l’équipe spéciale de l’AIEA a poursuivi son examen indépendant durant la mission qu'elle a effectuée du 14 au 18 février, au cours de laquelle elle a pu en apprendre davantage quant au plan qu'envisage de déployer le Japon pour évacuer ces eaux traitées. Cette mission a notamment permis d'avoir des échanges de vues très pointus sur des questions scientifiques et a aussi été l'occasion de mener une visite sur le site de l’accident de 2011, où des échantillons de l’eau à analyser ont été prélevés.

Tant à Tokyo qu’à Fukushima, l’équipe spéciale a pu constater combien le Japon était attaché au respect de la sûreté dans les préparatifs engagés en vue des opérations de rejet des eaux qui ont été entreposées sur le site de Fukushima depuis qu’un violent séisme et un puissant tsunami ont frappé la centrale nucléaire il y a maintenant onze ans - une entreprise complexe qui devrait s’étendre sur plusieurs décennies.

Les experts de l’AIEA se sont employés à recueillir des informations et obtenir les éclaircissements qui leur sont nécessaires pour valider la conformité du plan de rejet des eaux au regard des normes internationales de sûreté.

La mission menée cette semaine a porté sur des points d’ordre technique concernant les rôles et responsabilités de l’exploitant de la centrale, la Compagnie d’électricité de Tokyo (TEPCO), et du Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) dans le processus de rejet des eaux. L’équipe spéciale de l’AIEA effectuera une autre mission fin mars pour discuter des aspects réglementaires avec l’autorité japonaise de réglementation nucléaire (ARN).

En avril 2021, le Gouvernement japonais a présenté ses Principes de base pour le rejet en mer progressif de plus de 1,25 million de mètres cubes d’eau traitée, sous réserve que ces opérations soient approuvées par son organisme de réglementation indépendant. Il a sollicité l’assistance de l’AIEA pour garantir la mise en œuvre sûre et transparente de son plan de rejet. Le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a accédé à cette requête et a déclaré que l’Agence poursuivrait son examen avant, pendant et après les opérations de rejet. Il a ajouté que l’engagement actif de l’AIEA permettrait non seulement de veiller à la conformité des opérations sous l'angle des normes de sûreté, mais aussi de gagner la confiance du public au Japon et dans la région.

« Cette mission a permis à l’équipe spéciale de mieux appréhender les plans et activités du Japon relatifs au rejet des eaux traitées », a déclaré la Directrice générale adjointe et Chef du Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA, Lydie Evrard, au cours d’une conférence de presse en ligne. Mme Evrard, qui supervise l’examen dans son ensemble et a rejoint l’équipe spéciale à Tokyo, a par ailleurs indiqué qu'il s'agissait d' « une nouvelle étape importante des travaux menés par l’équipe spéciale, visant à évaluer la conformité des plans et activités du Japon avec les normes de sûreté de l’AIEA, qui contribuent à un degré élevé de sûreté dans le monde entier. »

Elle a ajouté que d’ici deux mois environ, l’AIEA publierait un rapport sur la mission effectuée cette semaine, rapport qui reviendra en détail sur les points techniques spécifiques qui ont été abordés. L’équipe spéciale retournera en outre au Japon cette année et l'an prochain pour des missions de suivi, et un rapport complet assorti de conclusions sera publié avant le début des opérations de rejet.

« En notre qualité d'organisation technique et scientifique, nous mènerons nos examens et ferons part de nos constats en toute transparence et en totale indépendance. Le monde sera tenu informé de la situation à tout moment », a déclaré le Directeur général, Rafael Mariano Grossi.

Traitement et entreposage

L’eau provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, qui a en partie servi à refroidir le combustible nucléaire fondu, est traitée et purifiée au moyen d’un processus appelé « Système avancé de traitement des liquides (ALPS) », avant d'être entreposée dans des cuves installées sur le site - on en compte aujourd'hui un millier. La gestion durable de l'eau est essentielle pour que le déclassement de la centrale puisse se poursuivre, étant donné que ces cuves occupent un large pan de la bande côtière du site et sont quasiment pleines.

Le Japon a prévu d'entamer les opérations de rejet deux ans après la présentation de ses Principes de base ; l'évacuation concernera des eaux dont la concentration en tritium – le seul radionucléide que le traitement par ALPS ne parvient pas à éliminer – est bien inférieure aux seuils maxima réglementaires nationaux et aux valeurs définies par l’Organisation mondiale de la Santé pour l’eau de boisson. L’examen mené par l’équipe spéciale de l’AIEA donnera au public, au Japon et ailleurs, des informations scientifiques objectives sur ces opérations.

Gage de l'impartialité et de la transparence de l’examen pour lequel l’AIEA l'a mandatée, l’équipe spéciale nouvellement constituée est composée de membres du personnel de divers départements et laboratoires de l’AIEA ainsi que de 11 experts indépendants internationalement reconnus possédant différentes compétences techniques et originaires de l’Argentine, de l’Australie, du Canada, de la Chine, des États-Unis d’Amérique, de la Fédération de Russie, de la France, des Îles Marshall, de la République de Corée, du Royaume-Uni et du Viet Nam.

Préalablement à la première mission au Japon, les experts de l’équipe spéciale ont passé en revue les documents relatifs à la sûreté fournis par leurs homologues japonais, notamment le plan de mise en œuvre des opérations de rejet des eaux traitées et l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement effectuée par TEPCO. Ils ont posé des questions complémentaires détaillées durant les réunions qu’ils ont tenues cette semaine avec des responsables de TEPCO et du Ministère.

« La mission de l’équipe spéciale a été très productive. Au fil de nos discussions franches et ouvertes, nous avons obtenu de précieuses informations – et posé de nombreuses questions – sur tous les aspects du plan de rejet des eaux ayant trait à la sûreté, allant du tunnel sous-marin qui servira à évacuer les eaux traitées dans la mer à la protection des travailleurs sur le site et du public dans son ensemble », a indiqué l’un des directeurs du Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA et Président de l’équipe spéciale, Gustavo Caruso.

Analyse indépendante des eaux

Afin de vérifier en toute indépendance les niveaux de radioactivité des eaux traitées entreposées dans les cuves ainsi que ceux de l’océan, l’AIEA prélèvera des échantillons d’eau qu’elle fera analyser dans ses laboratoires en Autriche et à Monaco.

En prévision de cette partie importante de l’examen et des activités de suivi de l’AIEA, les membres de l’équipe spéciale ont observé, mardi, les échantillons d’eau traitée entreposée dans les cuves qui ont été prélevés par TEPCO, dont une cinquantaine de litres seront analysés séparément par les laboratoires de l’AIEA. Ces analyses fourniront des informations utiles, puisque les laboratoires en question peaufinent des méthodes scientifiques qui permettront de corroborer les résultats des mesures de la radioactivité que le Japon communiquera tout au long de ses opérations de rejet.

L’AIEA s’est également félicitée de l’intention du Japon de renforcer le contrôle radiologique de l'environnement en recueillant des données supplémentaires spécifiques au rejet des eaux traitées, qui seront à l’avenir soumises à l’AIEA pour vérification.

Conformément à la mission d’examen pour laquelle elle été mandatée aux termes de l'accord passé avec le Japon, l’AIEA examinera les aspects de son plan de rejet qui sont essentiels pour la sûreté, notamment :

  • la caractérisation radiologique des eaux à rejeter ;
  • les aspects liés à la sûreté du processus d’évacuation de l’eau ;
  • le contrôle radiologique de l’environnement dans le cadre des opérations de rejet ;
  • l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement en vue d’assurer la protection des personnes et de l’environnement ;
  • le contrôle réglementaire, y compris l’autorisation, l’inspection et l’évaluation.

L’AIEA et le Japon collaborent intensivement depuis dix ans pour faire face aux conséquences de l’accident de Fukushima Daiichi, dans des domaines tels que le contrôle radiologique, la remédiation, la sûreté nucléaire, la gestion des déchets et le déclassement. Les examens de la sûreté de l’AIEA se fondent sur ses normes de sûreté, qui constituent la référence mondiale en matière de protection du public et de l’environnement contre les effets néfastes des rayonnements ionisants.

Afin de promouvoir son objectif majeur de transparence, l’AIEA a créé une page web qui présentera des informations et mises à jour importantes ayant trait à l’examen de l’AIEA relatif au rejet des eaux traitées. De nouvelles informations seront ajoutées au fur et à mesure de ses travaux.

« Grâce à notre présence, le monde entier peut avoir pleinement confiance que le rejet des eaux n’entraînera aucun effet néfaste pour la santé publique ou l’environnement », a souligné le Directeur général, Rafael Mariano Grossi.

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