La technique de lutte contre la mouche tsé-tsé à l’aide des rayonnements consiste à élever des mâles stériles puis à les lâcher dans la nature pour qu’ils s’accouplent avec des femelles sauvages sans produire de descendance, réduisant ainsi la population de l’espèce au fil du temps. Il faut pour cela trier à la main des milliers de mouches par semaine pour distinguer les mâles des femelles, ce qui est assez fastidieux. Une nouvelle technique et un nouvel appareil – mis au point par l’AIEA en coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) – équipé d’une caméra infrarouge à grande vitesse permettent d’accélérer ce processus.
La mouche tsé-tsé est un insecte de l’Afrique subsaharienne qui , transmet aux hommes et aux animaux un parasite mortel en se nourrissant de leur sang. Le tri est crucial : il s’agit de ne stériliser que les mâles. Les femelles, qui ne produisent que six à dix larves au cours de leur existence, sont conservées au laboratoire pour entretenir la colonie nécessaire au programme de la technique de l’insecte stérile (TIS).
Les techniciens du Laboratoire FAO/AIEA de la lutte contre les insectes ravageurs (IPCL) à Seibersdorf (Autriche) trient jusqu’à 7 700 mouches par semaine pour les projets utilisant la TIS. La nouvelle technologie permet de rationaliser ce processus, améliorant ainsi la lutte contre la maladie. Elle permet également de trier les mouches plus tôt, au stade pupal, et donc d’envoyer en Afrique subsaharienne des mâles stériles en meilleure santé, les pupes étant moins fragiles que les adultes.
« Le triage manuel des insectes prend beaucoup de temps, il représente un tiers du travail fait à l’insectarium », explique Andrew Parker, ancien chef du groupe de recherche sur les ravageurs des animaux à l’IPCL retraité depuis peu. « Nous avons essayé diverses méthodes pour déterminer le sexe des pupes, notamment en comparant leur forme, leur densité et leur perte de poids, avant que cette technique soit mise au point. »
Les mâles et les femelles ont la même apparence au stade pupal - avant l’âge adulte – et ne peuvent donc être distingués qu’une fois adultes. « L’ancienne méthode de triage demandait beaucoup de temps car nous devions examiner manuellement toutes les mouches adultes après les avoir immobilisées par le froid », déclare Chantel de Beer, chercheuse en entomologie et nouvelle cheffe du groupe de recherche sur les ravageurs des animaux à l’IPCL. « Grâce à cette nouvelle technique, nous pouvons différencier les mâles des femelles plus tôt et donc transporter les insectes au stade pupal, plus sûrement et plus facilement, jusqu’aux programmes de terrain FAO/AIEA utilisant la TIS. »