La Namibie est l’un des pays les plus arides d’Afrique. On y trouve le plus vieux désert du monde, le Namib, et le désert du Kalahari, qui signifie en tswana « grande soif ». Environ 92 % des terres du pays sont considérées comme très arides, arides ou semi-arides, et les précipitations y sont rares et éparses. Au cours de la dernière décennie, le Gouvernement namibien a déclaré à trois reprises l’état d’urgence nationale en raison de graves sécheresses causant des dommages considérables au secteur agricole et à l’économie du pays. La plus récente sécheresse, survenue en 2019, la pire que le pays ait connue en 90 ans, s’est traduite par une baisse historique de la production agricole et de graves pénuries de denrées alimentaires.
L’AIEA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont aidé les agriculteurs des régions de Kavango Est, Kavango Ouest, Omusati, Oshikoto et Tsumeb à irriguer leurs champs en combinant des techniques nucléaires et une technique d’irrigation économe appelée irrigation au goutte-à-goutte. Grâce à des humidimètres à neutrons de rayons cosmiques qui fournissent des données en temps réel sur l’humidité du sol, les agriculteurs peuvent arroser directement les plantes juste ce qu’il faut. L’irrigation au goutte-à-goutte, rendue possible par les techniques nucléaires et isotopiques qui permettent de mesurer les niveaux d’humidité du sol et des plantes, permet aux agriculteurs de déterminer avec précision la quantité d’eau et d’éléments nutritifs à utiliser et le bon moment pour le faire. L’arrosage se fait au moyen d’un réseau de tuyaux ou de tubes étroits qui acheminent l’eau directement à la racine ou à la base des plantes. Ce procédé permet de réduire la consommation d’eau. L’irrigation au goutte-à-goutte a été utilisée avec succès dans d’autres pays, tels que la Mauritanie et le Nigéria.
L’irrigation au goutte-à-goutte a été mise en œuvre en Namibie dans le cadre d’un projet de coopération technique de l’AIEA lancé en 2020. Elle a contribué à accroître l’efficience de l’utilisation de l’eau d’irrigation de plus de 80 % par rapport à l’agriculture pluviale et à améliorer les rendements de près de 70 % dans les champs des agriculteurs qui ont participé au projet.
La plupart des petits exploitants agricoles en Namibie dépendent exclusivement des précipitations mais le manque de précipitations, leur imprévisibilité et la faible fertilité des sols diminuent les rendements des cultures de base du pays. La sécheresse entrave le développement de la plante à chaque stade de sa croissance, que ce soit après le semis ou pendant la floraison, ce qui se traduit par une baisse de la productivité et une récolte maigre.
« Grâce au système d’irrigation au goutte-à-goutte et aux informations qui me permettent de savoir quand et comment irriguer, j’ai pu accroître la production de mon exploitation, qui est passée d’une à plusieurs récoltes annuelles », explique Moses Gaeseb, un agriculteur de Tsumeb, dans le Nord-Est du pays, qui a installé le système d’irrigation au goutte-à-goutte en septembre 2020. Sur son exploitation, Gaeseb cultive du maïs, des tomates, des poivrons verts et des pastèques.
Gaeseb utilisait une pompe d’arrosage au diesel dont le coût élevé limitait sa production agricole. Il a participé avec d’autres agriculteurs à des essais de démonstration organisés par l’AIEA et la FAO. Les participants ont reçu des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte alimentés par l’énergie solaire capables de remplir un réservoir de 10 000 litres d’eau en une heure. Gaeseb a quadruplé sa production grâce à cette technologie.
« Avant l’installation du système d’irrigation au goutte-à-goutte, une dizaine d’hectares de nos terres étaient inexploités et ne servaient ni à l’agriculture ni à l’élevage », indique Andreas Naoseb, un agriculteur de la région d’Oshikoto qui a également participé au projet. Ce nouveau matériel d’irrigation a donné un nouveau souffle à son exploitation agricole, renforçant l’intérêt de sa famille pour son activité et l’aidant à générer des revenus tout au long de l’année.