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Mise en valeur des ressources humaines dans le secteur nucléaire pour un avenir à zéro émission nette

Matthew Fisher

La mise en valeur des ressources humaines est fondamentale pour assurer la durabilité et l’expansion à long terme de l’électronucléaire. Or il s’agit de l’un des défis les plus importants auxquels ce secteur fait face en raison des fortes exigences pesant sur le personnel.

Pour contribuer à la constitution et au maintien des effectifs nécessaires à l’expansion de l’électronucléaire à l’échelle envisagée, l’AIEA propose des initiatives de renforcement des capacités telles que les sessions de l’École de gestion des connaissances nucléaires, des programmes de formation à la planification stratégique, des visites d’aide et des bourses. Ces initiatives visent à former la prochaine génération de professionnels et à renforcer les compétences des effectifs actuels pour que l’électronucléaire continue à progresser dans le monde entier alors que nous nous efforçons d’atteindre notre objectif zéro émission nette.

Le secteur de l’énergie d’origine nucléaire continue d’évoluer, tout comme les difficultés auxquelles il fait face. Selon un rapport de l’AIEA publié en 2023, les membres du personnel des installations nucléaires sont généralement plus âgés que ceux d’autres grandes installations industrielles, ce qui souligne l’accent à mettre sur la rétention des connaissances, au moment où de plus en plus d’employés de longue date approchent de l’âge de la retraite. Les technologies complexes associées aux centrales nucléaires nécessitent des processus de formation du personnel plus longs et les activités ayant trait à l’énergie nucléaire requièrent des niveaux de supervision extrêmement élevés. Dès lors, il convient de disposer de processus solides de mise en valeur des ressources humaines pour résoudre ces problèmes, entre autres choses.

« Il est absolument vital pour l’expansion de l’électronucléaire que le renforcement des capacités soit pensé comme un processus continu et de plus en plus pointu », déclare Mikhail Chudakov, Directeur général adjoint de l’AIEA et Chef du Département de l’énergie nucléaire. « Grâce à l’expérience considérable qu’elle a acquise depuis plus de soixante-dix ans, l’AIEA est bien équipée pour aider ses États Membres à mettre en valeur les ressources humaines dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs ambitieux en matière d’électronucléaire. »

Il est impératif de gérer efficacement les connaissances pour conserver le savoir acquis au fil des ans dans des domaines tels que la conception, l’octroi d’autorisation et l’exploitation, car ce savoir est indispensable au maintien et au renforcement des compétences. L’École de gestion des connaissances nucléaires est un cours spécialisé d’une semaine qui allie formation théorique et pratique sur la mise en œuvre de programmes de gestion des connaissances nucléaires dans les organismes scientifiques et technologiques du secteur. Couvrant des domaines tels que les principes fondamentaux de la gestion des connaissances, les orientations pratiques et les meilleures pratiques, l’École s’adresse aux jeunes professionnels de la gestion des connaissances ; différentes sessions ont été accueillies par plusieurs États Membres, la dernière en date s’étant tenue en 2023 à l’Université A&M du Texas (États‑Unis d’Amérique). L’année 2024 marque le 20e anniversaire de l’École de gestion des connaissances nucléaires organisée conjointement par l’AIEA et le Centre international Abdus Salam de physique théorique. À ce jour, 1 139 professionnels ont été formés à l’École de gestion des connaissances nucléaires.

Le service de visite d’aide à la gestion des connaissances propose des examens réalisés par des experts aux États Membres qui souhaitent mettre en œuvre un programme de gestion des connaissances ou améliorer le leur. Les visites sont adaptées au niveau de maturité du programme de gestion des connaissances concerné et les experts peuvent fournir des conseils stratégiques, une formation spécialisée et d’autres formes de soutien.

Les équipes performantes sont toujours dirigées par des responsables motivés et tournés vers l’avenir. Épaulé par le programme de coopération technique (CT) de l’AIEA, le programme de l’École de gestion de l’énergie nucléaire aide les dirigeants actuels et futurs du secteur de l’énergie nucléaire à mettre à profit leurs propres talents et à tirer le meilleur parti de leurs équipes. Le programme, qui s’étale sur deux semaines de cours conçus pour les jeunes professionnels présentant une aptitude à diriger, comprend des exposés, des visites techniques et des études de cas qui contribuent au renforcement des compétences techniques et des compétences d’encadrement et à la diffusion des connaissances de l’AIEA dans les domaines se rapportant au cycle de vie de l’énergie nucléaire. En novembre 2023, le Ministère des mines de l’Afrique du Sud a accueilli une session de l’École de gestion de l’énergie nucléaire, la 52e session depuis le lancement du programme en 2010. Depuis 13 ans, plus de 2 000 personnes provenant de diverses disciplines ont consolidé leurs compétences professionnelles grâce à ce programme et près de la moitié des participants aux sessions organisées en 2023 étaient des femmes.

« J’ai eu l’occasion de découvrir les différentes technologies qui contribuent à l’objectif zéro émission nette, notamment l’électronucléaire, et j’ai beaucoup appris sur l’intégration de la culture de sûreté et du leadership dans une organisation », déclare Zeridah Kimanywenda, ingénieure civile au Ministère de l’énergie et du développement minier de l’Ouganda ayant participé à la session de l’École de gestion de l’énergie nucléaire organisée en Afrique du Sud en novembre dernier. « Le contenu est très pertinent et utile par rapport à mes fonctions. »

Bien que les femmes aient réalisé certaines des percées scientifiques les plus révolutionnaires de l’histoire, elles restent sous-représentées dans la plupart, voire la totalité des domaines techniques, y compris le nucléaire. Pour renverser la situation, l’AIEA a lancé le programme de bourses Marie Skłodowska-Curie (MSCFP) en 2020 et le programme Lise Meitner en 2023. Le MSCFP encourage les jeunes femmes à entamer une carrière dans le domaine nucléaire en offrant aux candidates retenues des bourses leur permettant de suivre des programmes de master et la possibilité d’effectuer un stage à l’AIEA ou dans un organisme partenaire. En 2023, 200 bourses ont été attribuées, soit le nombre le plus élevé de tous les cycles de demandes d’admission à ce jour. Le programme Lise Meitner offre aux femmes en début ou en milieu de carrière la possibilité de renforcer leurs compétences en effectuant des visites professionnelles de plusieurs semaines. Les visites durent généralement deux à quatre semaines et peuvent comprendre l’élaboration et la mise en œuvre de projets, ainsi que des tâches et des échanges techniques.

Outre ces programmes, l’AIEA aide chaque année plus d’un millier de boursiers de la coopération technique et de visiteurs scientifiques dans le cadre de son programme de CT. Étant le principal mécanisme par lequel l’AIEA contribue au développement des États Membres, le programme de CT – qui est axé sur les résultats et adapté aux difficultés particulières rencontrées par les pays et les régions – vise à faciliter la coopération entre les pays afin de renforcer durablement les capacités, notamment grâce à la coopération Sud-Sud.

La formation des professionnels de demain dans le domaine de l’énergie nucléaire passe par des programmes d’enseignement spécifiques. Créé en 2013, le système de l’Académie internationale de la gestion nucléaire (INMA) aide les universités à concevoir et à faire fonctionner des programmes de master en gestion de la technologie nucléaire pour le secteur nucléaire (programmes électronucléaires, applications nucléaires et technologies radiologiques). Les programmes portent à la fois sur des aspects avancés de la gestion et de l’encadrement et sur les technologies nucléaires, offrant une formation de haut niveau et un soutien aux futurs dirigeants du secteur nucléaire. Les bons résultats obtenus dans le cadre des missions d’examen par des pairs de l’AIEA dans les universités candidates débouchent sur l’approbation par l’INMA du programme diplômant. En 2024, dix universités de huit pays font partie de ce système.

Enfin, l’AIEA gère la Cyberplateforme d’apprentissage pour la formation théorique et pratique en réseau (CLP4NET), une mine de ressources d’apprentissage en ligne accessibles au public. La plateforme contient plus de 1 400 cours et près de 200 webinaires couvrant un large éventail de sujets dans le domaine de l’énergie nucléaire et permet aux utilisateurs de choisir entre l’auto-apprentissage ou l’apprentissage dirigé.

10/2024
Vol. 65-3

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