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Les experts de l’AIEA confirment la présence d’une pollution aux microplastiques en Antarctique

Ellie McDonald, Omar Yusuf

« Nous avons lancé une campagne scientifique pour connaître l’ampleur réelle du problème de la pollution aux microplastiques, qui touche le monde entier, y compris l’environnement vierge de l’Antarctique. »

— Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA

Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, toutes les minutes, au moins un million de bouteilles en plastique sont achetées et neuf millions de sacs en plastique sont vendus dans le monde. Plus de 400 millions de tonnes de déchets plastiques sont produits chaque année. De ce fait, la pollution par le plastique est devenue l’un des défis environnementaux mondiaux les plus pressants et un obstacle tenace au développement durable. Étant donné que le plastique se dégrade avec le temps, qu’il est absorbé par les écosystèmes et intégré à la chaîne alimentaire, la pollution dont il est à l’origine n’est pas toujours visible à l’œil nu.

Une étude récente de l’AIEA a révélé que l’on retrouvait la pollution par le plastique jusque dans les biomes éloignés de l’Antarctique. Grâce à des techniques nucléaires et dérivées du nucléaire, l’AIEA a pu détecter des microplastiques d’une taille inférieure à celle qu’il était possible de mesurer à l’aide des méthodes conventionnelles utilisées auparavant.

« Nous avons lancé une campagne scientifique pour connaître l’ampleur réelle du problème de la pollution aux microplastiques, qui touche le monde entier, y compris l’environnement vierge de l’Antarctique », a déclaré le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, lors du lancement du projet.

Dans le cadre de son initiative NUTEC Plastics (Technologie nucléaire au service de la lutte contre la pollution par le plastique), l’AIEA mobilise et rassemble des pays, des partenaires et les nouvelles technologies pour lutter contre la pollution par le plastique dans le monde. La surveillance du milieu marin est un pilier central de l’initiative. Au titre de celle-ci, l’AIEA a déployé une mission de recherche scientifique en Antarctique en janvier 2024 afin d’étudier et de mesurer l’ampleur de la pollution par le plastique dans cette région reculée.

« La nécessité d’étudier les effets des plastiques et des microplastiques sur l’écosystème de l’Antarctique se fait de plus en plus sentir », a déclaré la Ministre argentine des affaires étrangères, Diana Mondino, à la Conférence générale de l’AIEA en septembre. « Nous pensons que le portail NUTEC Plastics sera un outil précieux et efficace qui permettra de soutenir les activités de l’AIEA visant à relever des défis communs par l’intermédiaire des applications pacifiques de l’énergie nucléaire. »

Accompagnés d’une équipe de scientifiques argentins, les experts de l’AIEA ont visité trois des six stations permanentes de recherche environnementale gérées par l’Argentine – à savoir les bases de Marambio, Esperanza et Carlini – ainsi que le brise-glace argentin Irizar dans l’optique d’utiliser l’infrastructure qui existe pour faciliter le prélèvement d’échantillons de l’environnement et la préparation de ceux-ci en vue de leur analyse aux Laboratoires de l’environnement marin de l’AIEA à Monaco.

Les résultats préliminaires de l’analyse réalisée par l’AIEA indiquent la présence de microplastiques dans tous les échantillons prélevés en Antarctique, qu’il s’agisse d’eau de mer, de sable de plage, de mollusques ou d’excréments de pingouins. Parmi les microplastiques détectés figuraient différents polymères, dont des fibres et des fragments de plastique. Il s’agissait le plus souvent de polytétrafluoroéthylène (PTFE), de polychlorure de vinyle (PVC), de polypropylène et de polyéthylène téréphtalate (PET).

Cette étude constitue une contribution importante qui s’ajoute au nombre croissant d’analyses scientifiques indiquant la présence de déchets plastiques et de déchets microplastiques dans des échantillons de sol, de produits, d’eau et d’air prélevés partout dans le monde. Une fois définitifs, les résultats des recherches de l’AIEA seront communiqués au Comité scientifique pour les recherches antarctiques, un organe spécialisé du Conseil international des sciences qui fournit des conseils indépendants au système du Traité sur l’Antarctique, au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

En outre, dans le cadre d’une collaboration technique et scientifique avec l’Institut antarctique chilien, les bases antarctiques chiliennes seront utilisées pour prélever des échantillons qui seront analysés par les Laboratoires de l’environnement marin de l’AIEA à Monaco. Ce projet renforcera les capacités du Chili en matière de prélèvement et d’analyse d’échantillons et permettra d’établir un état des lieux des niveaux de microplastiques sur le territoire antarctique chilien. Dans le cadre de son initiative NUTEC Plastics, l’AIEA contribue à doter les laboratoires de 86 pays des capacités et des ressources qui leur permettront de prélever des échantillons de microplastiques dans les environnements marins et côtiers, ainsi que de les caractériser et de les analyser au titre de projets de coopération technique et de projets de recherche coordonnée.

Étant donné que le plastique n’est recyclé qu’à hauteur de 10 % seulement à l’échelle mondiale, l’AIEA s’efforce également de mettre l’accent sur les activités de surcyclage conçues pour permettre aux pays d’utiliser les sources renouvelables comme alternatives aux matériaux à base de pétrole et de réutiliser les déchets plastiques avant qu’ils n’aggravent la pollution. Actuellement, 39 pays participent à des activités de surcyclage dans le cadre de l’initiative NUTEC Plastics. L’irradiation peut être utilisée pour traiter les plastiques existants aux fins de leur réutilisation. Elle augmente leur potentiel de recyclage, élargit le spectre des possibilités de réutilisation et permet une utilité ou une qualité supérieure. Des progrès importants ont été accomplis dans les régions Asie-Pacifique et Amérique latine : l’Argentine, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines ont utilisé avec succès des applications innovantes de la technologie des rayonnements. Ces quatre pays pilotes ont également noué des partenariats stratégiques avec le secteur privé en vue de valider cette technologie et de mettre en place des stratégies permettant son utilisation à plus grande échelle.

L’initiative NUTEC Plastics ouvre la voie à un avenir plus propre et plus durable à l’échelle de la planète. La poursuite de la collaboration entre l’AIEA, ses États Membres, les partenaires industriels et les experts en la matière sera cruciale si l’on veut faire progresser la technologie et renforcer les capacités pour continuer à évaluer la pollution par le plastique et à lutter contre celle-ci. L’initiative NUTEC Plastics, qui repose sur une approche collaborative et tournée vers l’avenir, vise à mettre le potentiel des technologies nucléaires au service de la lutte contre l’un des problèmes environnementaux les plus pressants de notre époque.

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Initiative NUTEC Plastics de l’AIEA

Cette initiative phare de l’AIEA réunit des partenaires publics et privés du monde entier en vue d’aider à résoudre le problème de la pollution par le plastique et d’améliorer le recyclage des matières plastiques ainsi que la surveillance de la pollution dans les océans, où finissent la majeure partie des déchets plastiques.

Une collaboration mondiale pour un avenir plus propre

Menée par l’AIEA, cette initiative mondiale de lutte contre la pollution par le plastique rassemble 86 pays qui s’emploient à surveiller les microplastiques dans l’environnement marin et 39 pays qui élaborent des technologies de recyclage innovantes.

Une utilisation innovante de la science nucléaire

En s’appuyant sur la science et la technologie nucléaires, NUTEC Plastics se sert des rayonnements pour donner une deuxième vie plus utile aux plastiques existants et utilise la science nucléaire pour suivre et surveiller les microplastiques dans les océans.

Surveillance des microplastiques dans l’environnement marin

Plus de 50 laboratoires dans le monde sont en train d’être équipés pour l’analyse des microplastiques dans l’environnement marin. Ensemble, ils formeront un réseau qui facilitera l’échantillonnage normalisé, les protocoles d’analyse et la mise en commun des données.

11/2024
Vol. 65-4

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