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Les avantages durables de la participation des parties intéressées

Rafael Mariano Grossi

Rafael Grossi

« Susciter une prise de conscience auprès des parties intéressées – qu’il s’agisse d’entreprises du secteur nucléaire, de pouvoirs publics, de médias, de populations locales ou d’organisations non gouvernementales – et les amener à bien comprendre ce dont il est question sont des conditions essentielles pour instaurer une confiance mutuelle. »

– Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA

 

Lorsque j’ai pris la tête de l’AIEA en 2019, l’énergie nucléaire n’était pas reconnue à sa juste valeur dans les conversations mondiales les plus importantes sur l’énergie et le climat. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, il existe un consensus à l’échelle mondiale sur la nécessité d’accélérer le déploiement de l’électronucléaire pour lutter contre les changements climatiques et atteindre les objectifs de sécurité énergétique.

Il a fallu du temps et des efforts pour en arriver là. Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Madrid (COP25), la première à laquelle j’ai assisté peu après ma nomination au poste de Directeur général de l’AIEA, l’énergie nucléaire était encore très marginale. Mais les jeunes générations, les représentants et représentantes politiques, les scientifiques et d’autres personnes convaincues que cette énergie pouvait nous aider à lutter contre la pollution et les changements climatiques et à assurer la sécurité énergétique concourraient déjà à faire avancer les choses grâce à l’éducation, aux documentaires et aux médias sociaux.

Lorsque la crise énergétique et le conflit en Europe ont éclaté, l’énergie nucléaire gagnait déjà en popularité. En 2023, lors de la COP28 à Dubaï, dans le bilan mondial rendu au titre de l’Accord de Paris, les signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont pour la première fois appelé à accélérer le déploiement de l’énergie nucléaire, ainsi que d’autres sources d’énergie propre. Les dirigeants mondiaux ont confirmé ce que la science nous disait depuis des années : l’inclusion du nucléaire était le seul moyen de parvenir à une décarbonation approfondie et rapide. Plus de 20 pays ont appelé à tripler la capacité nucléaire mondiale. Plusieurs autres pays, entreprises, banques internationales et institutions financières se sont ensuite joints à cet appel.

En 2024, les dirigeants mondiaux ont poursuivi sur cette lancée lors du tout premier Sommet sur l’énergie nucléaire et ont affirmé que l’énergie nucléaire avait un rôle important à jouer – signe d’un changement profond qui n’aurait pas été possible sans l’intervention des parties intéressées.

Dans les différents pays, communiquer efficacement avec les parties intéressées constitue souvent l’un des plus grands défis à relever lors du lancement d’un programme électronucléaire ou d’activités connexes, comme l’extraction d’uranium. Susciter une prise de conscience auprès des parties intéressées – qu’il s’agisse d’entreprises du secteur nucléaire, de pouvoirs publics, de médias, de populations locales ou d’organisations non gouvernementales – et les amener à bien comprendre ce dont il est question sont des conditions essentielles pour instaurer une confiance mutuelle.

Les parties intéressées qui décident d’investir dans le nucléaire jouent un rôle particulièrement important. Il s’agit de décideurs et de personnes influentes au sein des trésors publics, des institutions financières et des institutions de développement internationales, y compris la Banque mondiale et les banques de développement régionales, ainsi que des banques d’investissement et des compagnies d’assurance.

Avant de concevoir et de mettre en œuvre des programmes de participation des parties intéressées, pour veiller à ce que cette participation soit fructueuse, il faut d’abord communiquer sur les politiques énergétiques et aider les parties intéressées à comprendre l’électronucléaire. Ce travail se fait lors de conseils d’administration dans les banques et les compagnies d’assurance, ainsi que lors de rassemblements publics dans les villes et les villages du monde entier.

En mai, l’AIEA réunira de nombreuses parties intéressées à l’occasion de la première Conférence internationale sur la participation des parties intéressées aux programmes électronucléaires. Parmi elles figureront des dizaines de maires de villes dotées de centrales nucléaires ou d’autres installations nucléaires importantes, telles que des sites de retraitement ou de déchets. Qui de mieux placé pour expliquer les retombées de l’énergie nucléaire que des personnes issues des communautés qui accueillent des installations nucléaires ? 

La participation des parties intéressées est essentielle si l’on veut réaliser quoi que ce soit de durable, y compris des projets de construction de centrales électriques visant à produire une électricité propre, apporter de la chaleur, refroidir ou produire de l’hydrogène pendant un siècle. Il en va de même pour les projets de stockage du combustible usé en formations géologiques profondes qui s’étendent sur des milliers d’années.

Il faut du temps et de la patience. Malgré les récentes avancées, l’énergie nucléaire peine encore à prendre son essor dans de nombreux endroits. Si une soixantaine de réacteurs sont en cours de construction dans le monde, la plupart sont concentrés dans une poignée de pays.

Aujourd’hui, l’électronucléaire suscite plus d’intérêt qu’il n’en a suscité au cours des dernières décennies. Mais pour passer des souhaits à la réalité, et ainsi faire décoller la capacité nucléaire dont nous aurons besoin pour atteindre les objectifs climatiques et assurer la sécurité énergétique, il faudra faire preuve d’une volonté sans faille. Et une partie essentielle du travail qui nous attend est déjà claire : nous devons continuer à veiller à la participation de nos parties intéressées.

05/2025
Vol. 66-2

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