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Renforcer les capacités de traitement du cancer : table ronde de l’AIEA à l’occasion de la Journée mondiale du cancer

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Des experts se penchent sur les moyens de donner accès à un traitement aux patients atteints d’un cancer dans le monde entier, lors de la manifestation de l’AIEA organisée à l’occasion de la Journée mondiale du cancer. (Photo : D. Calma/AIEA)

Le développement de l’infrastructure et la formation des médecins et d’autres professionnels du corps médical sont essentiels pour améliorer le traitement, le diagnostic et la prise en charge du cancer dans les pays en développement, comme l’ont souligné des experts lors de la table ronde intitulée « Renforcer les capacités de traitement du cancer », organisée cette année par l’AIEA pour commémorer la Journée mondiale du cancer. Ceux-ci ont déclaré qu’il était nécessaire d’adopter une approche intégrée incluant les différents aspects et modalités de la prise en charge du cancer, et l’AIEA peut aider les pays à y parvenir.

« Le défi est énorme : dans 59 pays, moins d’un quart des patients ont accès à la radiothérapie. Cela signifie qu’un très grand nombre de personnes meurent de maladies qui, souvent, pourraient être traitées si leur pays disposait du matériel et des installations nécessaires, ainsi que d’un nombre suffisant de médecins et de professionnels techniques bien formés », a déclaré Yukiya Amano, Directeur général de l’AIEA, à l’inauguration de cette manifestation.

Les intervenants se sont penchés sur l’impact de programmes et de projets spécifiques ainsi que sur la manière dont l’AIEA peut faciliter le transfert de connaissances et de compétences. Ils ont également examiné quelques-unes des dernières avancées technologiques en matière de médecine radiologique.

« La médecine est un domaine qui ne cesse d’évoluer, en raison des avancées technologiques et de l’évolution des maladies. Il est donc important de fournir aux pays la possibilité de se tenir au courant des derniers développements », a déclaré Najat Mokhtar, Directrice générale adjointe de l’AIEA chargée des sciences et des applications nucléaires, qui a animé la table ronde.

Mack Roach III, professeur en radio-oncologie et en urologie et directeur du Programme de recherche et d’information active sur la radiothérapie par particules lourdes à l’Université de Californie-San Francisco, a décrit quelques-unes des avancées récentes en médecine nucléaire et radiologique.

« Un type de connaissances nouvelles en radiothérapie est “l’irradiation flash”. Celle-ci est 600 fois plus rapide que les techniques d’irradiation conventionnelles », a-t-il déclaré. « Il semble que si l’on administre un rayonnement suffisamment vite, les mouvements du patient, par exemple ceux liés à la respiration, ne posent plus problème. De plus, le traitement étant plus rapide, un plus grand nombre de patients peuvent le recevoir par jour. »

Kennedy Lishimpi, directeur et coordonnateur national des services de lutte contre le cancer au Centre hospitalier de cancérologie, en Zambie, a expliqué que le pays avait mis en place son premier centre de traitement contre le cancer, il y a plus de dix ans, grâce à l’appui de l’AIEA.

« Le centre hospitalier est devenu un centre complet de médecine radiologique », a-t-il affirmé. « Un programme de mise en valeur des ressources humaines solide est essentiel au progrès, c’est pourquoi nous avons mis en place des formations locales afin de pérenniser ces services. » Kennedy Lishimpi a souligné qu’avec plus de personnel disponible, le nombre de patients traités avait également augmenté.

L’impact de la formation en médecine nucléaire

Maria Cecilia Atencio Rosselot, radiologue à la Fondation et Faculté de médecine nucléaire, en Argentine, et titulaire du premier master en radiothérapie avancée appuyé par l’AIEA, a évoqué l’impact de ce programme. 

« L’enseignement portait sur les nouveaux outils facilitant les décisions thérapeutiques face aux patients, notamment sur le diagnostic et le suivi approprié de la toxicité et des résultats », a-t-elle souligné. « Six mois après mon retour, je commençais déjà à transmettre ce que j’avais appris à mes collègues, non seulement au sein de mon établissement, mais aussi dans le réseau national d’établissements de radiothérapie. »

Ian Donald McLean, physicien médical principal à l’Hôpital de Canberra, en Australie, a souligné l’efficacité de la formation théorique et pratique en physique médicale appuyée par l’AIEA en Asie et dans le Pacifique, faisant remarquer l’importance, souvent négligée, du rôle des physiciens médicaux dans le traitement du cancer, ainsi que les difficultés d’assurer une formation adéquate.

« La médecine radiologique s’étend plus rapidement que la formation de physiciens médicaux », a-t-il souligné. « Nous avons constaté que les physiciens hors des métropoles et dans les pays en développement n’avaient pas accès aux programmes de formation clinique. Nous avons donc mis en place la plateforme de formation en ligne appelée Environnement d’apprentissage avancé pour physiciens nucléaires afin qu’ils puissent en bénéficier. »

L’accessibilité du traitement

Sergei Nazarenko, professeur à l’Université de technologie de Tallin et chef du Département de médecine nucléaire et de PET au Centre médical de l’Estonie du Nord, a parlé de la nécessité de la médecine personnalisée et de la gestion de la qualité pour atténuer le fardeau du cancer, notamment en vue d’en garantir l’accessibilité.

« En médecine personnalisée, nous essayons d’identifier la spécificité de chaque personne, afin de n’utiliser un traitement avancé et coûteux que dans les cas où nous pensons réellement qu’il serait bénéfique, ce qui est particulièrement important en ce qui concerne l’accessibilité du traitement », a-t-il expliqué, ajoutant que l’utilisation des méthodes les plus avancées pour de vastes groupes n’était pas durable.

Dans son allocution de clôture, May Abdel-Wahad, directrice de la Division de la santé humaine de l’AIEA, a abordé les différentes façons d’assurer le succès des activités de création de capacités.

« Il est très difficile de suivre toutes les avancées technologiques et les évolutions du cancer. Ainsi, l’approche de l’AIEA doit être flexible, et elle l’est », a-t-elle souligné, ajoutant que les projets et les collaborations réussis avaient en commun l’engagement et l’implication des personnes concernées dans chaque pays.

Enfin, Luis Longoria, directeur par intérim du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie et directeur de la Division de l’Amérique latine et des Caraïbes de l’AIEA, a mis en avant l’importance des partenariats en vue de faire face au fardeau mondial du cancer.

« La lutte contre le cancer représente un défi énorme, et aucune organisation ne possède à elle seule toutes les capacités nécessaires pour lutter contre cette maladie. Il faut donc construire des ponts dans différents domaines, notamment avec les gouvernements, les donateurs, les organisations non gouvernementales et le secteur privé », a-t-il affirmé, ajoutant que le Forum scientifique de cette année, qui aura lieu les 17 et 18 septembre à Vienne, fera le point sur la contribution de l’AIEA en faveur de la lutte contre le cancer au cours des dix dernières années. 

La table ronde a été diffusée en direct sur la page Facebook de l’AIEA. L’enregistrement est disponible ici.

L’AIEA appuie les pays grâce au transfert de connaissances et de compétences en vue d’améliorer l’accès à la médecine nucléaire. (Photo : D. Calma/AIEA)

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