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L’irrigation au goutte-à-goutte permet d’économiser l’eau et d’améliorer le rendement des cultures en Mauritanie

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L’irrigation au goutte-à-goutte a permis aux agricultrices de Mauritanie de faire pousser des légumes dans des régions arides. [Photo : M. Zaman (AIEA)]

En Mauritanie, la rareté de l’eau, les températures élevées et les sols sableux constituent un problème pour les agriculteurs, et en particulier les agricultrices, qui cultivent des légumes dans des conditions difficiles pour nourrir leurs familles et vendre leurs produits sur les marchés locaux. Grâce à des techniques nucléaires et connexes qui permettent de déterminer l’utilisation la plus efficace d’eau et d’engrais, ces agriculteurs ont augmenté leurs rendements, ont pu planter de nouvelles variétés de légumes et sont même capables, aujourd’hui, de faire pousser des cultures vivrières dans des régions arides, en bordure du désert.

« Il y a une plus grande diversification des cultures et les plantes vivrières peuvent être cultivées tout au long de l’année, et non plus uniquement pendant la saison des pluies, comme c’était le cas avant, a déclaré Baba Ahmed Ould Naghra, directeur du Centre national de recherche agronomique et de développement agricole. Aujourd’hui, plus de 400 femmes et leurs familles, dans deux villages, disposent d’une quantité suffisante de nourriture pour leur propre consommation et pour la vente dans d’autres zones, ce qui leur procure des revenus qu’elles peuvent utiliser pour l’éducation et la santé. Le surplus de légumes a également permis de faire reculer la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes. »

Les précipitations en Mauritanie sont très faibles, et la seule source d’eau douce du pays est le fleuve Sénégal, qui se trouve dans la zone méridionale du pays. En conséquence, les petits agriculteurs doivent composer avec la pénurie d’eau, et ils ne peuvent pas se permettre d’en perdre à cause de l’évaporation ou de l’absorption par le sol et le sable environnants.

Depuis 2016, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’AIEA forme des experts locaux à des techniques nucléaires et connexes qui permettent de déterminer l’utilisation la plus efficace d’eau et d’engrais pour l’agriculture, dans le cadre d’un de ses projets de coopération technique. Les experts locaux, avec un scientifique de l’AIEA, ont installé des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte pour l’agriculture familiale qui répondent aux besoins locaux, et ont formé les agriculteurs à cette technique début 2017.

Mohammad Zaman, pédologue à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture a déclaré : « Les techniques les plus efficaces et qui nécessitent le moins de ressources consistent à irriguer fréquemment les cultures avec de petites quantités d’eau appliquées de façon ciblée à la racine des végétaux. Mais il faut savoir quelle quantité d’eau et d’engrais utiliser. C’est là que nous intervenons ». 

Grâce à leurs compétences nouvellement acquises dans les techniques isotopiques, les scientifiques locaux ont pu calculer au plus juste les besoins en eau et en engrais afin d’optimiser la productivité tout en économisant les ressources. Au moyen d’isotopes stables utilisés comme traceurs, ils ont pu déterminer la quantité d’eau et d’engrais azoté nécessaires pour les différentes cultures, en mesurant les quantités absorbées par les plantes (voir plus bas Suivi de l’absorption d’azote et de l’humidité du sol). 

Les parcelles de petite taille ou de taille moyenne sont irriguées au moyen de systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte. Ceux-ci comportent un réservoir d’eau et un robinet, qui permet aux agriculteurs de contrôler la quantité d’eau utilisée pour irriguer leurs cultures sur la base des recommandations des scientifiques. Les tuyaux d’irrigation sont enfouis sous terre, et présentent de petits orifices à proximité des racines des plantes.  En cas de besoin, de l’engrais est ajouté à l’eau : c’est la « fertigation ». « Ce système a très vite été adopté par les agriculteurs en raison de sa facilité d’utilisation », a déclaré Baba Ahmed Ould Naghra.

« Ce projet a apporté beaucoup de changements positifs dans nos vies, notamment des revenus plus élevés, plus de nourriture dans nos assiettes et une productivité accrue », a indiqué Haby Ali Niane, la présidente de l’Association des femmes du village de Bagodine, dans le sud du pays, qui a elle-même participé au projet. « En outre, les agriculteurs ne sont plus obligés de faire des allers-retours aussi fréquents pour puiser de l’eau dans des puits lointains, ce qui leur permet de gagner beaucoup temps et de s’épargner des travaux physiques. »

« Les agriculteurs des villages voisins montrent un intérêt grandissant envers les systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte et les jeunes sont maintenant plus susceptibles de rester travailler dans leurs villages plutôt que de migrer vers les grandes villes, a ajouté Haby Ali Niane. Nous sommes devenus un modèle pour les autres. »

Les autorités locales prévoient d’installer des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte dans trois sites de la région voisine de Kaédi en 2019. Dans le cadre du programme de coopération technique de l’AIEA, l’AIEA et la FAO aident 40 pays, dont 21 pays d’Afrique, à mettre en place cette technique.

Comment la science et la technologie nucléaires peuvent-elles nous aider à améliorer l’agriculture ? Cette question sera débattue lors de la Conférence ministérielle de l’AIEA sur la science et la technologie nucléaires. Suivez cet événement en direct du 28 au 30 novembre 2018. Le programme complet est disponible ici.

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