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Le Bénin reprend ses exportations d’ananas grâce à des techniques nucléaires

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Des techniques nucléaires et isotopiques ont été utilisées pour analyser les résidus d’éthéphon dans des ananas provenant du Bénin (Photo : M. Gaspar/AIEA)

Allada (Bénin) -- Les agriculteurs béninois peuvent exporter à nouveau des ananas vers l’Union européenne, leur marché le plus lucratif, après avoir mis en place un système de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments avec l’aide de l’AIEA et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les exportations devraient reprendre ce mois-ci.

Les cultivateurs d’ananas ont été éprouvés par une interdiction volontaire d’exportation décidée l’an dernier après que des résidus chimiques ont été détectés dans des ananas exportés par le Bénin. Cette interdiction a entraîné une perte de revenus et d’emplois agricoles dans un secteur qui a été défini comme l’un des trois grands pôles de croissance dans le plan de développement du pays. « Au lieu de tripler nos exportations, comme le prévoyait le plan, nos ventes à destination de l’Europe ont été stoppées net », indique Xavier Satola, cultivateur d’ananas et président de l’Association nationale des exportateurs d’ananas du Bénin. « Il n’y a pas de production durable sans exportations : elles sont la locomotive qui fait avancer tous les wagons. »

Avec 400 000 à 450 000 tonnes produites chaque année, l’ananas est le troisième produit agricole du Bénin. « Bien que les exportations hors continent représentent seulement 2 % de la production totale, elles génèrent la moitié des profits du secteur et laissent présager un avenir plus prospère pour les agriculteurs, le secteur et les dizaines de milliers de personnes qu’il emploie », explique Xavier Satola.

Vert ou jaune

Le consommateur européen préfère les ananas dont l’écorce est jaune. Comme les ananas sont de couleur verte à l’état naturel, même quand ils sont bien mûrs, les agriculteurs utilisent un produit chimique appelé éthéphon pour les faire jaunir.

L’éthéphon génère la même substance que celle produite naturellement par les plantes pour faire murir les fruits. L’Union européenne a fixé les quantités maximales autorisées pour l’éthéphon afin que les résidus de ce produit ne nuisent pas à la santé des consommateurs.

La Bénin ne disposait pas de système de contrôle de ces résidus dans les aliments, et les analyses d’échantillons prélevés à divers points de contrôle en Europe ont révélé des concentrations d’éthéphon plus de deux fois supérieures à la quantité maximale autorisée. Par conséquent, le gouvernement béninois a décidé de suspendre volontairement les exportations d’ananas.

Les agriculteurs ne pouvaient plus utiliser d’éthéphon et les clients européens ont refusé d’acheter leurs ananas, de couleur verte. « La vente de ces fruits sur le marché local et dans les pays voisins ne rapporte que le dixième du prix à l’exportation », indique Xavier Satola. À la suite de l’interdiction d’exportation, il a été contraint de congédier la moitié de ses 56 employés à l’année.

Mise en place d’un système de contrôle

Le Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments (LCSSA), qui relève du gouvernement, a demandé l’aide de l’AIEA et de la FAO pour mettre en place les techniques analytiques et le système de surveillance nécessaires pour contrôler les résidus dans les ananas et certifier qu’ils satisfont aux exigences de l’Union européenne concernant l’éthéphon. Ces techniques analytiques sont fondées sur des techniques nucléaires et dérivées du nucléaire (voir Analyse des résidus dans les aliments à l’aide de techniques dérivées du nucléaire).

« Le renforcement des capacités du laboratoire a consisté à former le personnel et à fournir de nouveaux appareils. Il a fallu ensuite obtenir d’un laboratoire européen une certification attestant que le système de contrôle en place était conforme aux normes européennes en matière de sécurité sanitaire des aliments », explique Kinnou Kisito Chabi Sika, Directeur général du LCSSA. Le laboratoire a reçu le certificat en mai dernier, accomplissant ainsi la dernière étape nécessaire à la levée de l’interdiction d’exportation.

Dans le cadre de son programme de coopération technique et en étroite coopération avec la FAO, l’AIEA a fourni du matériel et des réactifs au laboratoire. Elle a également octroyé des bourses qui ont permis à sept membres du personnel du LCSSA de suivre des formations dans des laboratoires en Belgique, au Botswana, au Maroc et en République tchèque.

« Alors que c’était auparavant un laboratoire mal équipé ne pouvant réaliser que quelques tests, le LCSSA est aujourd’hui un établissement de premier plan dans le domaine du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments en Afrique de l’Ouest », déclare James Sasanya, spécialiste de la sécurité sanitaire des aliments à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.

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