Des participants issus de pays envisageant de construire des centrales nucléaires se sont penchés sur la question des coûts et des délais à l'occasion de la toute première réunion technique sur les méthodes d'estimation et d'analyse du coût de l'électronucléaire, qui s'est tenue à Vienne du 24 au 26 avril. Les recommandations formulées lors de cette réunion contribueront dans une large mesure à élaborer un nouveau document d'orientation de l'AIEA sur le calcul des coûts des nouvelles centrales nucléaires, d'après David Shropshire, chef de la Section de la planification et des études économiques à l'AIEA.
Représentant des pays primo-accédants et des pays exploitant déjà des centrales, 46 participants de 26 États Membres se sont penchés sur les aspects économiques d'un investissement à long terme, y compris les difficultés concernant l'estimation et la gestion des coûts liés à la construction de centrales nucléaires.
« La construction d'une centrale nucléaire est un processus extrêmement complexe qui nécessite un investissement financier considérable, mais aussi une viabilité économique », a déclaré dans son allocution d'ouverture Huang Wei, directeur de la Division de la planification, de l’information et de la gestion des connaissances à l'AIEA. « Il est indispensable d'estimer précisément des coûts de construction avant de prendre des décisions concernant un programme électronucléaire ».
Actuellement, une trentaine de pays ont entrepris un programme électronucléaire ou envisagent de le faire. L'analyse des coûts liés aux étapes préalables à la construction, à la construction elle-même et à l'exploitation à l’échelle commerciale de nouvelles centrales constitue l'un des principaux problèmes qui se posent dans les projets de nouvelle construction.
Selon le président de la réunion, Amir Shahkarami, qui est aussi président et directeur général de CASE Global Partners (États-Unis d'Amérique), les considérations économiques relatives aux coûts et aux délais de construction présentent un grand intérêt pour les États Membres qui ont entrepris un programme électronucléaire ou envisagent de le faire.
Une bonne compréhension pour une mise en œuvre efficace
Les estimations des coûts de construction d'une centrale nucléaire comportent toutefois un degré d'incertitude et peuvent changer durant la phase de construction. Dans le cadre de la réunion, les discussions et les études de cas se sont concentrées sur les étapes suivantes : estimer et comparer les coûts, déterminer leurs facteurs déterminants et trouver des moyens d'optimiser les dépassements de coûts et les retards dans le projet.
La connaissance des coûts est essentielle à l'analyse macroéconomique à l'échelle nationale pour comprendre les conséquences économiques aux niveaux local, régional et national. « Il est important de bien comprendre les conséquences macroéconomiques et sociales des coûts de la production électronucléaire afin de déterminer les facteurs qui influent sur les coûts de ce type de projets à grande échelle », a expliqué Evgeny Cherviakov, directeur général adjoint de l'entreprise unitaire d'État de la centrale nucléaire du Bélarus. « Il faudrait, par exemple, étudier plus avant s'il est avantageux de produire localement les composants nécessaires à la construction de nouvelles centrales nucléaires au lieu de les importer », a-t-il ajouté.
Les participants possédant une expérience directe dans la mise en œuvre de projets de construction de réacteurs ont souligné les problèmes qu'ils ont pu rencontrer et les enseignements qu'ils ont tirés.
« Les pays exploitants ont une vaste expérience et une longue histoire en ce qui concerne l'analyse et les méthodes pratiques d'estimation et de gestion des coûts », a affirmé Amir Shahkarami. « Nous devons tirer parti de ces connaissances par le biais des mécanismes de l'AIEA et ainsi fournir des orientations aux pays primo-accédants. »
Orientations de l'AIEA sur les coûts du nucléaire
L'AIEA élabore actuellement un cadre permettant de comprendre les aspects économiques du nucléaire en définissant les facteurs déterminants des coûts et les incertitudes y afférentes.
« Lorsqu'un État Membre décide de recourir à l'électronucléaire, la justification économique doit souvent être très solide, surtout dans le cas des pays primo-accédants », a affirmé David Shropshire. « Nous mettons au point des méthodes pour adapter les coûts aux besoins spécifiques à un pays, afin que les États puissent se fier davantage à leur analyse économique. »
L'élaboration d'un nouveau document d'orientation de l'AIEA servira de cadre aux États Membres pour estimer les coûts liés à leurs projets électronucléaires et comprendre leurs déterminants. Le document portera sur diverses étapes d'un programme électronucléaire, dont la mise en place de l'infrastructure et la construction, la mise à l’arrêt et le déclassement des centrales nucléaires.
« Notre objectif est de mettre à la disposition des États Membres une nouvelle ressource qui les aidera à procéder à l'analyse économique des réacteurs de puissance existants et des cycles du combustible associés et, potentiellement, dans un avenir proche, des petits réacteurs modulaires ainsi que d'autres concepts innovants », a conclu David Shropshire.
