Figure 1. Évolution hebdomadaire de la demande d’électricité en 2020 par rapport à 2019 dans certaines régions (du 15 mars au 6 juin). Par exemple, en Suède, en raison de l’absence de mesures de confinement, la demande d’électricité a augmenté entre le 15 mars et le 5 avril par rapport à la même période en 2019. À l’inverse, en France, l’application de mesures de confinement a entraîné une diminution moyenne de la demande de 14 % sur l’ensemble de la période (du 15 mars au 6 juin). (Illustration : Harim Jung)
Note : Des changements dans la production d’électricité ont été signalés pour la Corée du Sud, les États-Unis d’Amérique et l’Inde.
La production d’électricité à partir des combustibles fossiles a été durement touchée du fait non seulement de coûts d’exploitation relativement élevés en comparaison avec ceux de l’électronucléaire et des énergies renouvelables, mais aussi des simples mécanismes de formation des prix sur les marchés de l’électricité. À l’inverse, l’électricité à faibles émissions de carbone a bénéficié de cette situation extraordinaire, la contribution des énergies renouvelables à la production d’électricité ayant augmenté dans un certain nombre de pays en raison de l’obligation imposée à certains opérateurs du système de transmission de donner la priorité aux sources d’énergies renouvelables dans la programmation de la production et la distribution d’électricité, ainsi que de conditions météorologiques favorables.
La production électronucléaire s’est elle aussi avérée résiliente, fiable et adaptable. En effet, le secteur nucléaire a rapidement mis en œuvre des mesures spécialement prévues pour faire face à la pandémie, ce qui a permis d’éviter une mise à l’arrêt de centrales due aux effets de la COVID-19 sur le personnel ou les chaînes d’approvisionnement. Les producteurs d’électricité d’origine nucléaire se sont eux aussi vite adaptés à l’évolution des conditions du marché. EDF Energy, par exemple, a pu répondre aux besoins de l’exploitant du réseau britannique en réduisant occasionnellement la production de son réacteur Sizewell B et assurer la fourniture de services d’électricité économiques et sécurisés aux consommateurs.
Malgré sa performance durant la pandémie, le secteur nucléaire a fait face à des baisses marquées de la demande et, en conséquence, de nombreux producteurs ont dû réduire sensiblement leur production d’électricité, notamment en France, au Royaume-Uni, en Suède, en Ukraine et, dans une moindre mesure, en Allemagne (fig. 2). En France, le recul de la demande, qui s’est poursuivi jusqu’à la fin du mois de mars, a déjà engendré au premier trimestre une diminution de 1 % des revenus d’EDF, liée à une production électronucléaire en baisse de plus de 9 % par rapport à l’année précédente. De même, en Russie, la Corporation d’État de l’énergie atomique « Rosatom » a connu une forte baisse de la demande en avril et en mai, ce qui a contribué à une diminution de 11 % de ses revenus pour les cinq premiers mois de l’année.