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Comment le nucléaire peut-il remplacer le charbon pour la transition vers une énergie propre ?

Le nucléaire expliqué
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Pendant des siècles, le charbon été une composante essentielle de la révolution industrielle dans le monde. Il a joué un rôle majeur dans le développement du monde moderne mais il est aussi la principale cause du changement climatique : d’après les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour 2019, la combustion de charbon est à l’origine de plus de 40 % des émissions mondiales de carbone et de plus de 75 % des émissions issues de la production d’électricité. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5 oC au plus par rapport aux niveaux préindustriels, il faut absolument abandonner le charbon.

Qu’est-ce que la transition vers une énergie propre ?

La transition vers une énergie propre suppose d’abandonner les sources d’énergie qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre et de produire l’énergie à partir de sources qui n’en génèrent que peu ou pas. Le défi de cette transition est double : il faut à la fois cesser d’utiliser les combustibles fossiles habituels et accroître l’utilisation des sources bas carbone, notamment des renouvelables tels que les énergies hydraulique, solaire et éolienne, ainsi que le nucléaire. Le charbon reste la principale source de production d’électricité dans le monde et une source d’énergie importante pour l’industrie, notamment la métallurgie et la production de chaleur.

La province canadienne de l’Ontario, qui n’utilise plus de charbon depuis 2014 grâce à un bouquet énergétique composé principalement d’énergie nucléaire et d’hydroélectricité, montre ce qu’il est possible d’accomplir.

Les centrales au charbon et les centrales nucléaires utilisent la chaleur pour produire de la vapeur qui actionne les turbines de générateurs. Le charbon produit plus du tiers de l’électricité mondiale mais l’électronucléaire a tous les atouts pour compenser la fermeture des centrales au charbon : il peut fournir en permanence une charge de base par tous les temps et compléter l’éolien et le solaire, dont le rendement fluctue selon les conditions météorologiques. La charge de base est la quantité minimale d’électricité nécessaire pour approvisionner le réseau à tout moment.

En 2003, le gouvernement de la province de l’Ontario s’est engagé à abandonner en 12 ans sa capacité de production d’électricité au charbon qui, avec près de 9 000 MW, représentait 25 % de sa production totale. L’Ontario a rénové et remis en service deux tranches de la centrale nucléaire de Pickering (1 030 MW) et quatre tranches de la centrale nucléaire de Bruce (3 000 MW), ajoutant à son bouquet énergétique 5 500 MW de renouvelables hors hydroélectricité et la même de capacité de production au gaz naturel.

Plus de 90 % de l’électricité de cette province de 14,5 millions d’habitants est aujourd’hui produite sans émission de carbone et son bouquet énergétique lui assure un réseau stable et un approvisionnement sûr en charge de base et sources intermittentes. Les centrales nucléaires conviennent particulièrement bien pour appuyer des renouvelables intermittents tels que le solaire et l’éolien, car leur souplesse d’exploitation permet d’ajuster la production à la demande et à la disponibilité de l’énergie provenant des autres sources du réseau.

Électronucléaire et applications résidentielles

Outre la production d’énergie et les applications industrielles, le charbon est utilisé pour chauffer des habitations et des entreprises. L’électronucléaire peut également jouer un rôle important dans ce contexte car il peut servir à produire de l’électricité mais aussi du chauffage, de la chaleur industrielle et de l’hydrogène, ainsi qu’à dessaler. D’ici à la fin de 2021, la centrale nucléaire de Haiyang, en Chine, devrait chauffer toute cette ville côtière d’environ 670 000 habitants dans la province de Shandong et celle de Beznau (Suisse) fournit le chauffage urbain aux résidents de la région depuis des décennies.

Alors que le monde abandonne le charbon, il faut tenir compte des communautés dont la prospérité économique en dépendait. Au Canada, l’Initiative canadienne de transition pour l’industrie du charbon a notamment financé un centre de transition et un programme de formation d’opérateurs d’équipements lourds afin que les travailleurs du charbon ne soient pas laissés pour compte. La transition vers une énergie propre permet aussi la création d’emplois dans de nombreuses disciplines. D’après l’AIE, 9 millions d’emplois devraient être créés dans le secteur de l’approvisionnement en énergie d’ici 2030.

Quel est le rôle de l’AIEA ?

  • L’AIEA favorise le développement durable de l’énergie nucléaire. Elle produit des publications scientifiques et techniques, met en place des projets de coopération technique et coordonne des projets de recherche.
  • L’AIEA établit et promeut des normes internationales et des orientations aux fins de l’utilisation sûre et sécurisée de l’énergie nucléaire afin de protéger la population et l’environnement.
  • L’AIEA aide les pays à planifier leurs stratégies énergétiques, notamment à déterminer s’il convient d’adopter l’électronucléaire. Elle fournit des informations objectives sur les aspects économiques et environnementaux de l’énergie durable, assorties d’analyses et d’évaluations comparatives sur les avantages et inconvénients des différentes technologies énergétiques compte tenu du contexte géographique et socioéconomique spécifique de chaque pays.
  • L’AIEA réalise des évaluations techniques et économiques de la contribution de l’électronucléaire à l’atténuation du changement climatique, notamment de la contribution des investissements nucléaires à la croissance économique et à la création d’emplois.
  • L’AIEA soutient les programmes nucléaires existants et nouveaux dans le monde entier en fournissant un appui technique et en concourant à la gestion des connaissances. À travers l’approche par étapes, elle fournit des avis et des orientations techniques aux pays qui souhaitent développer ou déclasser leurs programmes électronucléaires.
  • L’AIEA collabore avec d’autres organisations internationales telles que l’AIE et l’Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) pour appuyer les activités touchant l’électronucléaire et la transition vers une énergie propre.

Cet article a été publié pour la première fois sur iaea.org/fr le 29 octobre 2021.
 

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