You are here

Un parcours d’espoir : orientations à suivre pour le déploiement de centres de cancérologie

Ramadan Faried Abbas Abdelaziz

À peine 26 % des pays à faible revenu disposeraient de services de pathologie attachés au secteur public pour le diagnostic du cancer, et seuls 30 % d’entre eux possèderaient des services de traitement du cancer. (Photo : AIEA)

En 2020, le cancer a fait près de 10 millions de victimes et le Centre international de recherche sur le cancer estime qu’à l’horizon 2040, en l’absence de mesures radicales, le nombre de nouveaux cas de cancer pourrait être de l’ordre de 29 à 37 millions par an. Pour relever ce défi et faire face à l’énorme fardeau physique, affectif et financier que le cancer fait peser sur les individus, les familles, les sociétés et les systèmes de santé, il faudra construire davantage de structures de prise en charge du cancer et repenser, partout dans le monde, notre façon d’aborder cette maladie.

Une nouvelle publication conjointe intitulée Setting up a Cancer Centre: A WHO-IAEA Framework, réalisée par l’AIEA et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), permettra de guider les responsables politiques, les gestionnaires de programmes et les prestataires de soins cliniques dans le déploiement progressif de centres de traitement du cancer. Ce document d’orientation vient conforter l’approche déjà établie dans le cadre de la publication conjointe de l’AIEA et de l’OMS intitulée « Roadmap towards a National Cancer Control Programme: Milestones for establishing nuclear medicine, diagnostic imaging and radiotherapy services ».

« Nous assistons à une épidémie de cancer qui ne cesse de croître dans le monde entier, et nos centres de cancérologie sont en première ligne de la bataille qui se joue ici », déclare Mme May Abdel-Wahab, directrice de la Division de la santé humaine de l’AIEA. « Le document d’orientation est un précieux outil pour la planification et l’établissement de ces centres, en ce qu’il donne des conseils quant à l’offre de différents niveaux de services dispensés par chacune des structures dans la lutte contre la maladie. L’objectif ultime est d’améliorer le niveau des services de cancérologie par une approche progressive, en précisant le contexte et les exigences propres à certains services. »

Ces orientations visent à couvrir la prise en charge multidisciplinaire que requiert le cancer et exposent en détail les infrastructures, les moyens humains et les équipements nécessaires aux services de soins oncologiques et d’accompagnement, ajoute-t-elle.

Des structures destinées à la lutte contre le cancer

Les centres de cancérologie sont des structures qui ont principalement vocation à prendre en charge les patients atteints d’un cancer, mais ils occupent aussi une place essentielle, par le biais de la recherche et de la formation, dans l’identification et la mise en œuvre de nouvelles indications de traitement et prodiguent conseils et orientations sur toutes les questions relatives au cancer dans un pays donné. Bien que leur nombre varie fortement d’un pays à l’autre, ces structures sont considérées, lors de l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le cancer, comme un élément déterminant du système de soins de santé.

Les centres de cancérologie dispensent des services qui touchent à la prévention, au diagnostic, au traitement multidisciplinaire, à l’accompagnement des malades, à la recherche et à l’éducation en matière de cancer. Ces services, dont le périmètre dépend du contexte local, évoluent constamment pour répondre aux exigences générées par les contraintes qu’impose le cancer.

La capacité à prévenir le cancer et à maîtriser le fardeau qu’il représente n’est pas pareille dans tous les pays et n’est pas toujours la même au sein d’un même pays. Dans ceux qui pâtissent de systèmes de santé sous-développés et de moyens limités, les possibilités d’obtenir un diagnostic et un traitement sont restreintes. Les services proposés en termes de prise en charge du cancer, depuis la prévention jusqu’aux soins en fin de vie, présentent en outre de graves lacunes.

En 2019 par exemple, à peine 26 % des pays à faible revenu ont déclaré disposer de services de pathologie attachés au secteur public pour le diagnostic du cancer, et seuls 30 % d’entre eux possédaient des services de traitement, alors que 90 % des pays à revenu élevé étaient en mesure d’offrir de tels services.

« Les conséquences de cette capacité insuffisante sont multiples : diagnostics tardifs du cancer, soins de moins bonne qualité, résultats médiocres et frais élevés à la charge des patients », explique M. Cherian Varghese, coordonnateur pour les maladies non transmissibles et les initiatives spéciales à l’OMS. « À cela s’ajoute aussi une incapacité à atteindre les objectifs mondiaux, notamment la baisse de la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles, qui figure dans le Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles. »

Un guide très complet

Le document d’orientation montre qu’un renforcement de la capacité des centres de cancérologie doit s’inscrire dans un contexte national plus large de planification globale de la lutte contre le cancer et prendre en compte l’aggravation potentielle des inégalités associées à des coûts plus importants et à des services centralisés. Après avoir présenté aux lecteurs des informations générales sur les centres de cancérologie, le document expose, en s’appuyant sur le parcours de soins suivi par une patiente atteinte d’un cancer du col de l’utérus, le déroulement type de la prise en charge des patients dans un centre de cancérologie.

Le document passe en revue les points essentiels qui sont le propre des centres de cancérologie et aborde notamment les questions relatives à leur création, les parcours de soins des patients, les exigences en matière d’infrastructures et d’installations prévues pour le diagnostic, la détermination du stade tumoral, le traitement multidisciplinaire et multimodal, les soins palliatifs et l’accompagnement des malades, l’oncologie préventive et les soins infirmiers en oncologie, les systèmes d’information, les dossiers médicaux et les registres, l’éducation, la formation et la recherche, ainsi que la gouvernance, l’administration, le financement, la communication, l’engagement communautaire et les partenariats.

 

02/2022
Vol. 63-1

Suivez-nous

Lettre d'information