Les données au service du progrès

Depuis 55 ans, le Système d’information sur les réacteurs de puissance (PRIS) de l’AIEA recueille, gère et diffuse des données et statistiques officielles sur les réacteurs de puissance, l’objectif étant de pouvoir offrir aux États Membres et aux acteurs du secteur nucléaire des informations transparentes, fiables et accessibles. Le fait que ces données soient collectées directement, de manière normalisée et continue auprès de sources officielles dans 38 pays confère au PRIS une valeur inestimable pour les États qui exploitent des installations nucléaires ou qui procèdent à leur déclassement, ainsi que pour les pays primo-accédants et les organisations internationales et non gouvernementales.

Les données du PRIS sont utilisées pour faciliter diverses opérations critiques ainsi que pour la réalisation d’examens périodiques indispensables à une exploitation sûre, sécurisée et fiable. L’exploitant finlandais Teollisuuden Voima Oyj (TVO) s’appuie ainsi sur les informations consignées dans le PRIS pour déterminer l’évolution de la puissance de ses réacteurs dans le temps et évaluer les données d’expérience propres à leur exploitation ; il établit ensuite des rapports sur la base des résultats ainsi obtenus afin d’optimiser leur efficacité.

Les profils électronucléaires nationaux (CNPP), créés en 2010 et entièrement révisés en 2023, complètent le PRIS en ce qu’ils donnent une vue d’ensemble des infrastructures électronucléaires d’un pays, de ses politiques en la matière et des stratégies de développement envisagées à plus long terme.

Le système d’indicateurs de performance du module statistique du PRIS permet d’évaluer l’efficacité, la sûreté et la fiabilité des réacteurs nucléaires. Il offre de puissants outils d’analyse tendancielle et de référenciation, et fournit des informations statistiques qui aident les États Membres à optimiser les performances de leurs réacteurs. Les rapports sur les arrêts non planifiés, par exemple, contribuent à en identifier les causes profondes telles que des défaillances du matériel, ce qui permet aux exploitants de tirer mutuellement parti de leurs données d’expérience. L’Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) utilise le PRIS pour évaluer des indicateurs de performance et procéder à des comparaisons de routine avec les informations communiquées par ses membres, ce qui améliore la qualité des données – aussi bien celles que contient le PRIS que celles que renferment les systèmes d’indicateurs de performance de la WANO.

Favoriser l’exploitation électronucléaire, son développement et les programmes de transition

« À l’heure où les pays se tournent de plus en plus vers l’électronucléaire pour faire face aux problèmes dus aux changements climatiques et à la sécurité énergétique, les bases de données du PRIS et des CNPP sont d’une importance capitale pour nos États Membres, car elles peuvent les guider dans la planification et le suivi de leurs programmes électronucléaires », déclare Shin Whan Kim, chef de la Section du génie électronucléaire de l’AIEA. « Elles leur permettent d’avoir accès aux précieux enseignements tirés de programmes déployés antérieurement, d’anciens projets de construction et de précédentes expériences d’exploitation. » Les experts de la société Paks II. Ltd. en charge des travaux préparatoires pour les nouvelles tranches de centrales nucléaires en Hongrie ne se bornent pas à faire état de l’avancement de leurs propres projets de construction ; ils ont également recours aux données du PRIS qui concernent les réacteurs en construction dans le monde entier. En analysant les informations relatives à l’avancement des chantiers en cours et les enseignements provenant d’autres projets, ils améliorent la planification, prennent connaissance des possibles écueils et instaurent des pratiques optimales, ce qui, au final, rend plus efficaces et moins aléatoires la construction et la mise en service des nouvelles tranches.

« La base de données du PRIS constitue un outil indispensable que nous utilisons à des fins d’évaluation comparative et d’analyse des performances », indique Attila Hugyecz, chef de la direction internationale de Paks II. Ltd. « Elle concourt de manière déterminante à notre engagement en faveur de l’excellence opérationnelle et de l’amélioration continue. »

Pour les pays qui possèdent déjà des programmes nucléaires, le PRIS tient une place essentielle dans l’optimisation de l’exploitation de leurs centrales. Grâce à ses indicateurs de performance et à ses données comparatives, il permet aux exploitants de voir comment gagner en efficacité, réduire le nombre d’arrêts non planifiés et prévoir de futures mises à niveau technologiques. En Chine, par exemple, l’Institut de recherche sur l’exploitation de l’énergie électronucléaire passe par le PRIS pour obtenir des informations sur les indicateurs mondiaux de performance, les tendances en termes de fiabilité et les données de référence opérationnelles, qui l’aident à élaborer et peaufiner son propre système d’indicateurs de performance.

Comme l’explique Hongxu Lu, l’un de ses ingénieurs, « l’Institut a mis sur pied une plateforme d’outils d’analyse des performances des centrales nucléaires qui s’appuie sur la base de données du PRIS afin de pouvoir visualiser les données des réacteurs et en améliorer les performances ». « Nous avons également eu recours au PRIS pour étayer les efforts que nous avons engagés en vue de mieux gérer la qualité de nos données et de veiller à la cohérence des outils d’analyse des performances que propose la plateforme. » À mesure que les réacteurs vieillissent, le PRIS facilite les choix à poser entre leur planification pour une exploitation à long terme ou leur affectation au déclassement. Actuellement, 168 réacteurs fournissant 35 % de la capacité électronucléaire opérationnelle (136,4 gigawatts électriques) sont en service depuis plus de 40 ans. Le PRIS contient des données sur les motifs de mises à l’arrêt, les stratégies de déclassement, la gestion du combustible et les grandes étapes des projets, ce qui permet aux pays d’élaborer des plans de transition entre l’exploitation et le déclassement en connaissance de cause.

De nombreuses organisations non gouvernementales et organisations internationales se servent des données du PRIS pour suivre les performances des réacteurs, l’état d’avancement des travaux de construction et des opérations de déclassement de réacteurs, ainsi que la capacité électronucléaire opérationnelle mondiale et les tendances en la matière. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a ainsi fait mention de données du PRIS dans un rapport de 2022 consacré à l’atténuation des effets des changements climatiques pour étayer ses conclusions faisant état d’une hausse de la production nucléaire ces dernières années, l’électronucléaire étant considéré comme une technologie éprouvée susceptible de contribuer à la réduction des émissions. L’Association nucléaire mondiale utilise la base de données du PRIS pour alimenter sa bibliothèque d’informations et ses tableaux de bord sur les réacteurs, et l’intègre dans ses publications portant sur la performance des réacteurs, la chaîne d’approvisionnement nucléaire et le combustible nucléaire.

L’avenir du Système d’information sur les réacteurs de puissance

L’AIEA continue d’améliorer le PRIS, grâce notamment aux outils les plus modernes en matière d’exploration et de visualisation des données, ce qui permettra à celles et ceux qui le consultent d’effectuer des analyses plus approfondies. En tirant profit des technologies d’analyse à la pointe du progrès, le PRIS peut aider les pays à prendre des décisions éclairées concernant le développement de l’électronucléaire, la sûreté d’exploitation et l’efficacité opérationnelle, l’exploitation à long terme et les stratégies de déclassement.

L’évolution constante et l’enrichissement continu des capacités de collecte de données du PRIS permettent aux États Membres d’avoir accès aux informations essentielles dont ils ont besoin pour garantir une exploitation sûre et efficace des centrales nucléaires et contribuent à l’essor des programmes électronucléaires.