Question : Le projet de déclassement d’UP2‑400, entamé il y a vingt ans environ, devrait encore se poursuivre sur plusieurs années. Quelles ont été les répercussions de l’innovation technologique sur le projet au fil du temps, et quels développements technologiques futurs auront, selon vous, le plus d’impact ?
Réponse : Ces 20 dernières années, c’est la numérisation du projet, à tous les niveaux, qui a provoqué les plus grands changements. Les technologies numériques ont évolué en termes de puissance et d’efficience, de coût, et de diversité. Il y a vingt ans, les modèles virtuels étaient complexes et coûteux à développer, la réalité virtuelle était limitée et les smartphones et tablettes n’existaient pas. Ces dernières années, ces technologies ont évolué au point d’apporter des bénéfices réels et mesurables à nos activités, et elles ont complètement transformé et amélioré les processus de notre organisation. À l’avenir, la robotique permettra d’augmenter la productivité, d’optimiser la sûreté des travailleurs, d’assurer à notre personnel de meilleures conditions de travail et de mieux le motiver.
Question : Les principes de la durabilité et de l’économie circulaire gagnent en importance dans le secteur nucléaire. En quoi influencent-ils les activités de déclassement à La Hague ?
Réponse : S’agissant de l’économie circulaire, une des difficultés auxquelles nous nous heurtons est le fait que nous déclassons des installations conçues et construites il y a quarante ou cinquante ans, alors que cette notion n’était pas prise en considération. Cependant, depuis 15 ans, après la création en 2008 dans notre entreprise de toute une division consacrée au déclassement de nos propres installations nucléaires, Orano s’engage en faveur de la fermeture du cycle nucléaire industriel et de la mise à disposition des bâtiments désaffectés pour de nouveaux usages. Nous nous efforçons aussi de réduire le plus possible la production de déchets à toutes les étapes du déclassement, et de plus en plus nous réutilisons les équipements et recyclons les matières. De récentes évolutions de la réglementation française ont aussi ouvert la porte au recyclage des métaux des installations nucléaires déclassées en vue de leur réutilisation dans le secteur nucléaire.
Question : Quels sont les principaux effets socio-économiques des travaux de déclassement à La Hague et comment envisagez-vous votre responsabilité envers la communauté locale ?
Réponse : Les activités de déclassement représentent environ 20 % de l’activité globale et de l’impact socio-économique du site de La Hague, où sont aussi en service deux usines de recyclage du combustible usé. En Normandie, les sites d’Orano sont des sources majeures d’emplois et de revenus pour les collectivités locales. Les dépenses annuelles de notre entreprise s’élèvent à 850 millions d’euros par an, dont plus de 70 % restent dans la région. Orano La Hague a aussi noué un partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie de Cherbourg-Cotentin pour former et embaucher des travailleurs locaux. En 2023, les sites d’Orano dans la région du Cotentin recruteront 500 personnes, dont 20 % travailleront sur le déclassement. De plus, 200 alternants seront recrutés pour des périodes d’un à trois ans.
Question : De quelle manière l’AIEA accompagne-t-elle les travaux de déclassement sur le site de La Hague et comment ceux-ci peuvent-ils mieux bénéficier d’activités de collaboration internationale ?
Réponse : Notre projet de déclassement est très exigeant et nous devons nous concentrer sur son exécution. Toutefois, il s’agit également d’une initiative à long terme qui bénéficie des innovations et des expériences des autres. En matière de déclassement et de remédiation de l’environnement, l’AIEA offre un cadre unique d’échange de vues et de partage de connaissances, y compris sur les tendances et innovations qui pourraient se révéler utiles pour nos activités, comme les technologies numériques, la robotique, la formation et le développement des compétences. Par exemple, les travaux en cours dans le cadre de la réunion technique sur les technologies nouvelles et émergentes permettant de faire progresser les projets de déclassement nous intéressent particulièrement et nous espérons que de telles initiatives permettront d’éviter les chevauchements d’activités de développement.