L'Ukraine a informé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que des techniciens ont commencé à réparer les lignes de transport d'électricité endommagées afin de tenter de rétablir les sources d’alimentation électriques externes du site de la centrale nucléaire de Tchornobyl, contrôlée par la Russie, ces sources d’alimentation ayant été entièrement coupées plus tôt dans la semaine, a déclaré aujourd'hui le Directeur général, Rafael Mariano Grossi.
L'organisme de réglementation ukrainien a déclaré que les travaux entamés dans la soirée du 10 mars avaient permis de réparer une section, mais que l'alimentation électrique hors site ne fonctionnait toujours pas, ce qui indique que des dommages subsistent à d'autres endroits. Il a ajouté que les tentatives de réparation se poursuivront malgré la situation difficile à l'extérieur du site de la centrale nucléaire.
Des groupes électrogènes diesel prévus en cas d'urgence fournissent une alimentation de secours au site depuis le 9 mars, et l'organisme de réglementation a indiqué que du carburant supplémentaire avait été livré à l'installation. Toutefois, il reste important de réparer les lignes de transport d'électricité dès que possible, a-t-il ajouté.
Difficulté supplémentaire s’agissant de la gestion de la centrale nucléaire de Tchornobyl, l'organisme de réglementation a perdu tout contact avec le site le 10 mars. Par conséquent, il ne peut pas fournir d'informations sur le contrôle radiologique de l'installation à l'AIEA. Néanmoins, il a continué à recevoir des informations sur la situation sur place par l'intermédiaire de la direction de la centrale, qui se trouve hors du site.
Comme mentionné dans la Mise à jour 17, les groupes électrogènes diesel sont des systèmes d’alimentation électrique qui jouent un rôle important sur le plan de la sûreté, notamment pour le contrôle du combustible nucléaire usé et de l’eau ainsi que pour le traitement chimique de l’eau, a indiqué l’organisme de réglementation, ajoutant que l’exploitant n'était pas en mesure de maintenir certaines fonctions, telles que la surveillance des rayonnements, les systèmes de ventilation et l’éclairage normal.
Cela étant, ainsi qu’il a également été indiqué précédemment, la déconnexion du réseau n’aura pas d’effet majeur sur les fonctions de sûreté essentielles sur le site, où se trouvent diverses installations de gestion des déchets radioactifs, étant donné que le volume de l’eau de refroidissement contenu dans l’installation d’entreposage du combustible usé est suffisant pour assurer une évacuation efficace de la chaleur sans alimentation électrique.
Il n’en reste pas moins que le personnel de la centrale nucléaire de Tchornobyl connaît des conditions de plus en plus difficiles. Les 211 membres du personnel technique et les gardes vivent de facto sur le site depuis plus de deux semaines, a indiqué l'organisme de réglementation, qui s'inquiète également de la disponibilité de réserves alimentaires.
Ailleurs en Ukraine, la situation relative à l’alimentation électrique du site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia n’a pas changé par rapport à ce qui a été indiqué dans les mises à jour récentes. La centrale dispose de quatre lignes électriques hors site à haute tension (750 kV) et d’une ligne supplémentaire en réserve. Deux des quatre lignes ont été endommagées. L’organisme de réglementation a informé l’AIEA que les besoins en électricité hors site de la centrale pouvaient être satisfaits avec une seule ligne électrique. De plus, des groupes électrogènes diesel sont prêts et fonctionnels pour fournir une alimentation électrique de secours.
Dans la même centrale nucléaire, des travaux sont en cours pour détecter et éliminer les munitions non explosées trouvées dans le centre de formation endommagé et d'autres endroits après les événements survenus le 4 mars, lorsque les forces russes ont pris le contrôle de la plus grande centrale nucléaire d'Ukraine, qui compte six réacteurs, a déclaré l'organisme de réglementation.
L’organisme de réglementation a déclaré que le personnel d'exploitation de la centrale effectuait des rotations selon le calendrier habituel et menait ses activités quotidiennes sans interférence. Cependant, la présence de forces étrangères dans la région affectait le moral des employés et faisait peser une pression, a-t-il ajouté. L'organisme de réglementation reste en contact avec la centrale, mais l'AIEA éprouve des difficultés à joindre la direction de la centrale de Zaporizhzhia.
Dans la ville de Kharkiv, une nouvelle installation de recherche nucléaire qui avait également été touchée précédemment a subi des dommages supplémentaires, a déclaré l’organisme de réglementation. L'installation est utilisée pour la recherche-développement et la production de radio-isotopes pour des applications médicales et industrielles. Comme les matières nucléaires qu’elle contient sont toujours sous-critiques et que son stock de matières radioactives est très faible, l’AIEA a estimé que les dégâts n’auraient pas de conséquence radiologique.
Néanmoins, l’AIEA a de nouveau souligné les risques qui pèsent sur les installations nucléaires de l’Ukraine pendant le conflit armé, qui rendent d’autant plus urgente une initiative du Directeur général Grossi visant à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires dans le pays.
En ce qui concerne la situation des centrales nucléaires ukrainiennes en service, l’organisme de réglementation a indiqué que huit des 15 réacteurs du pays restaient en exploitation, dont deux à la centrale de Zaporizhzhia, trois à Rivne, un à Khmelnytskyï et deux dans la centrale d’Ukraine du Sud. Les intensités de rayonnement sur les quatre sites étaient normales, a indiqué l’organisme de réglementation.
En ce qui concerne la perte partielle de la télétransmission des données des systèmes des garanties installés pour surveiller les matières et les activités nucléaires dans les centrales nucléaires, signalée dans la Mise à jour 16, l'AIEA a déclaré que la télétransmission depuis la centrale nucléaire de Zaporizhzhia fonctionnait de nouveau, mais que celle depuis Tchornobyl était toujours hors service, tandis que le transfert de données depuis la centrale nucléaire d'Ukraine du Sud connaissait des problèmes intermittents.