Effets des rayonnements sur les matériaux avancés
Des matériaux solides, résistants et durables, essentiels dans l’industrie en général, sont d’autant plus importants dans le secteur nucléaire, où la sûreté des réacteurs et la faisabilité des opérations du cycle du combustible dépendent des matériaux utilisés. Les deux principales contraintes pour les matériaux utilisés dans les réacteurs nucléaires sont la chaleur - traitée grâce aux systèmes de refroidissement - et les rayonnements.
« Les matériaux structurels à l’intérieur des réacteurs nucléaires peuvent être endommagés par les neutrons rapides, qui expulsent les atomes et produisent de l’hydrogène ou de l’hélium sous forme de gaz. Cela peut provoquer un gonflement, la création de vides ou d’autres modifications structurelles et mécaniques qui limitent la durée de vie utile des matériaux », explique Ian Swainson, physicien nucléaire à l’AIEA. « Il est donc primordial de tester la résistance aux rayonnements des matériaux, et les accélérateurs offrent des moyens supplémentaires d’effectuer de tels tests. »
Les particules chargées perdent la plupart de leur énergie vers la fin de leur parcours à travers un matériau, provoquant des dégâts importants mais localisés. C’est pourquoi les chercheurs testent les matériaux susceptibles d’être employés dans les futurs réacteurs nucléaires en utilisant des particules chargées produites par des accélérateurs de faisceaux d’ions.
« On peut tester les matériaux plus rapidement avec un accélérateur qu’avec un réacteur », explique Ian Swainson, précisant que ce qui peut être fait en un jour avec un accélérateur peut prendre un an avec un réacteur à haut flux. En général, les échantillons ne deviennent pas radioactifs et les zones endommagées peuvent être soigneusement sectionnées et examinées à l’aide de techniques microscopiques.
En 2016, Ian Swainson a contribué à l’organisation d’un projet de recherche coordonnée de l’AIEA d’une durée de cinq ans, dans le cadre duquel des échantillons d’un même matériau ont été distribués à plusieurs installations d’accélérateurs afin d’y être irradiés dans des conditions identiques, ainsi qu’au réacteur de recherche à neutrons rapide BOR-60, en Fédération de Russie, à des fins de comparaison. L’analyse postérieure aidera à améliorer la reproductibilité entre les installations d’accélérateurs et montrera avec quelle efficacité les accélérateurs permettent d’écarter les matériaux peu performants.
En août 2022, l’AIEA organisera la deuxième Conférence internationale sur les applications de la science et de la technologie des rayonnements (ICARST-2022) afin d’étudier ces questions et de mettre en lumière les applications et les nouveautés liées aux rayonnements ionisants. La conférence portera, entre autres, sur les avancées et les limites technologiques ou économiques actuelles dans des domaines spécifiques des matériaux avancés et permettra d’examiner les résultats obtenus avec des procédés d’irradiation bien connus en ce qui concerne l’amélioration de la performance des matériaux.