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Journée mondiale du cancer : L’incidence de la COVID-19 sur la lutte contre le cancer

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Director General, Rafael Mariano Grossi, at World Cancer Day

Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA, a souligné qu’il importait de continuer à aider les pays en développement à fournir une prise en charge adéquate du cancer malgré la pandémie. (Photo : D. Calma/AIEA)

Les inégalités se retrouvent dans bien des aspects de la vie mais en matière de lutte contre le cancer, la différence flagrante entre les capacités de diagnostic et de traitement des pays industrialisés et des pays en développement est une question de vie ou de mort. La plupart des nouveaux cas de cancer surviennent actuellement dans les pays à revenu faible et intermédiaire et la COVID-19 y a mis a plus rude épreuve encore l’infrastructure sanitaire. Le renforcement de ces systèmes de santé est crucial pour la lutte mondiale contre le cancer et la COVID-19.

À l’occasion de la Journée mondiale du cancer, le 4 février, l’AIEA a tenu une table ronde afin d’examiner l’effet de la pandémie de COVID-19 sur la prise en charge du cancer dans le monde et l’appui fourni par l’AIEA aux radiothérapeutes du monde entier. Les participants ont demandé d’agir davantage et d’urgence pour combler l’important écart d’accès au diagnostic et au traitement entre pays développés et pays en développement.

« Cet événement est l’occasion de nous rappeler où nous en sommes dans nos efforts constants : nous ne pouvons cesser une seule minute de combattre le cancer », a dit Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA, dans son allocution d’ouverture. S’adressant en ligne à un public mondial depuis le siège de l’AIEA à Vienne, M. Grossi a expliqué que la COVID-19 mettait les services médicaux nationaux à rude épreuve, perturbait les chaînes d’approvisionnement et soulevait de nombreux autres obstacles pour les personnes atteintes du cancer cherchant à obtenir le traitement urgent dont elles avaient besoin. Il a souligné que selon une étude récente de l’AIEA, les procédures de diagnostic avaient diminué en moyenne de plus de la moitié dans les 72 pays considérés.

L’AIEA aide les gouvernements nationaux à utiliser la science et la technologie nucléaires pour mieux diagnostiquer, traiter et prendre en charge le cancer. Elle aide également les pays à acquérir du matériel, à former du personnel médical et à obtenir des ressources auprès de donateurs. La pandémie ne l’a pas empêchée de fournir un appui dans ces domaines.

Des voix pour l’action

Le cancer, deuxième cause de mortalité dans le monde, a causé un décès sur six en 2018, tuant quelque 9,5 millions de personnes. La COVID-19, due à un virus extrêmement contagieux, a touché plus de 103 millions de personnes dans le monde à ce jour et en a tué 2,24 millions. Faire face au cancer malgré la COVID-19 est une priorité de l’AIEA, qui collabore avec l’Organisation mondiale de la Santé pour prêter assistance dans le monde entier.

S’exprimant lors de la première journée de la table ronde, May Abdel-Wahab, Directrice de la Division de la santé humaine de l’AIEA, a souligné l’importance de la médecine radiologique dans la prise en charge moderne des patients du cancer et expliqué comment l’AIEA promeut et développe la médecine radiologique dans les États Membres face à la pandémie de COVID-19.

« La radiothérapie est un traitement optimal des personnes atteintes de cancer en temps de COVID-19 parce qu’elle ne s’ajoute pas aux demandes de soins hospitaliers internes tels que les soins intensifs et peut s’effectuer par séances brèves, ce qui réduit au minimum l’exposition des patients et du personnel », dit-elle. « L’AIEA aide le personnel médical travaillant en radio-oncologie, en médecine nucléaire et en radiologie à maintenir ces services essentiels en mettant à leur disposition des documents d’orientation, des webinaires et des publications ».

Le nombre de centres de radiothérapie dans le monde a augmenté de 5 % environ ces cinq dernières années mais plus de 70 pays, dont 28 en Afrique, n’ont pas un seul appareil.

Lisa Stevent, Directrice du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie (PACT) de l’AIEA, explique comment l’Agence aide les pays à combattre le cancer et à mobiliser des ressources à cette fin dans les circonstances actuelles. « Malgré la pandémie, nous avons pu aider trois États Membres à examiner leur activités de lutte contre le cancer et 13 États Membres à se réunir avec des experts internationaux pour examiner les progrès accomplis et les besoins exprimés à l’occasion d’examens imPACT antérieurs. Nous avons pu continuer de mobiliser des ressources financières pour les activités de lutte contre le cancer ».

La Belgique, partenaire des nouvelles initiatives de formation et de la lutte contre le cancer du col de l’utérus

La coordination et l’aide internationales sont cruciales pour aider les pays en développement à relever les défis liés au renforcement des capacités de prise en charge du cancer, dit Ghislain D’Hoop, ambassadeur de Belgique en Autriche et représentant permanent auprès des organisations internationales à Vienne. 

Il souligne les contributions de la Belgique au renforcement de la formation théorique et pratique.en médecine nucléaire et en radiothérapie. La Belgique a concouru à l’élaboration de modules de formation en ligne, de documents d’orientation et de plateformes logicielles mis en place dans le cadre du programme Santé humaine de l’AIEA pour soutenir l’éducation continue et faciliter un accès élargi à des informations professionnelles. « Ces initiatives sont d’une importance fondamentale pendant la pandémie de COVID-19, qui limite les réunions et les formations en présenciel », dit M. D’Hoop.

Il souligne également les diverses contributions de son pays au Programme mondial commun des Nations Unies pour la lutte contre le cancer du col de l’utérus, notamment les activités d’appui menées au Maroc et en Tanzanie, dont l’élaboration de modules de formation en ligne sur la curiethérapie assistée par imagerie contre le cancer du col de l’utérus. « Malgré les difficultés que crée la COVID, ces activités peuvent et doivent avoir lieu pour continuer la lutte contre le cancer », dit-il.

La Belgique et la France fournissent 160 000 euros pour la prise en charge du cancer au Niger

M. D’Hoop a annoncé aujourd’hui que son pays et la France alloueraient 160 000 euros à un projet de l’AIEA destiné à améliorer le traitement du cancer au Niger. « Chaque jour est une journée du cancer et nous devrions penser aux millions de personnes qui luttent contre le cancer. Imaginez-vous devoir combattre à la fois la COVID et le cancer en ces temps d’incertitude. Nous devons agir, et c’est ce que fait l’AIEA », dit M. D’Hoop.

Un projet de l’AIEA soutenu par la Belgique et la France permettra d’envoyer un médecin du Niger se former en Algérie, ce qui contribuera à combler le manque de professionnels qualifiés pour la lutte contre le cancer dans le pays et à assurer la durabilité de la lutte contre le cancer.

« L’aide apportée au Niger est un bon exemple de deux pays du Nord réunissant leurs moyens pour aider un pays du Sud dans le cadre d’une coopération Sud-Sud », dit Xavier Sticker, représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations Unies et des organisations internationales à Vienne.

Le Maroc et la lutte contre le cancer en Afrique

Les caractéristiques et souvent les causes du cancer ne sont pas les mêmes dans les pays en développement que dans les pays à revenus élevés. On le voit surtout en ce qui concerne le cancer du col de l’utérus, qui tue chaque année 300 000 femmes, dont 90 % dans les pays en développement. Ces différences tiennent généralement au moindre nombre de vaccinations contre le papillomavirus humain (VPH), au manque de programmes de dépistage efficaces et aux possibilités de traitement limitées. Pour réduire l’incidence du cancer du col de l’utérus dans les pays en développement, il faut des interventions à toutes les étapes de la lutte contre le cancer.

Azzeddine Farhane, ambassadeur du Maroc en Autriche, représentant permanent auprès de l’Office des Nations Unies et des organisations internationales à Vienne et président de la 64e session de la Conférence générale de l’AIEA, a expliqué dans sa déclaration pourquoi son pays avait décidé de faire une priorité de la lutte contre le cancer du col de l’utérus en Afrique.  

« Dix-neuf des vingt pays à la plus forte incidence du cancer du col de l’utérus sont des pays d’Afrique et 268 millions de femmes de quinze ans et plus risquent d’attraper ce cancer. Le Maroc propose que la Conférence générale de l’AIEA adopte, à sa 65e session ordinaire, une résolution pour faire face collectivement à ce problème en rassemblant toutes les parties prenantes et en insistant dans l’ordre du jour de l’Agence sur le rôle des technologies nucléaires dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus », ajoute-t-il.

Évoquant le cancer et la COVID-19, M. Farhane a expliqué également comment son pays avait travaillé avec l’AIEA et d’autres pays d’Afrique dans le cadre d’une « coopération triangulaire ». Par des projets de coopération technique, l’AIEA a aidé le Maroc dans le cadre d’une coopération Sud-Sud en organisant des ateliers et des cours au Maroc pour des centaines de participants marocains et africains, et 43 experts marocains ont aussi été envoyés par l’AIEA dans d’autres pays d’Afrique.

M. Farhane a ajouté que son pays recevait du matériel crucial de l’AIEA, notamment des kits de RT-PCR, des réactifs, des équipements de protection individuels et des appareils à rayons X portables, et que 231 Marocains avaient participé à des cours organisés par l’AIEA à l’étranger.

L’expérience de l’Indonésie

Soehartati Gondhowiardjo, radio-oncologue et consultante principale à l’hôpital général national Cipto Mangunkusumo de Jakarta (Indonésie), explique comment la COVID-19 a influé sur la prise en charge du cancer et comment son pays a bénéficié du soutien de l’AIEA en ces temps difficiles. (Photo : AIEA)

Forte de son expérience comme radio-oncologue et consultante principale à l’hôpital général national Cipto Mangunkusumo de Jakarta (Indonésie), Soehartati Gondhowiardjo a expliqué les incidences de la COVID-19 sur la prise en charge du cancer dans son pays, en particulier la radiothérapie. « Les plateformes complètes d’apprentissage à distance de l’AIEA ont été très utiles, en fournissant des ressources techniques aux professionnels de santé sur le terrain et en réduisant la confusion durant la pandémie », dit-elle. Décrivant un ensemble d’outils virtuels et de programmes fournis par l’Agence, Mme Gondhowiardjo a dit que le Réseau Asie-Pacifique de radio-oncologie (ASPRONET) de l’AIEA lui a permis de se mettre en rapport avec des collègues de la région et d’apprendre de leurs expériences mutuelles. « Ces outils permettent aux oncologues des différents États Membres de discuter de difficultés communes et de trouver les meilleures solutions pour résoudre des cas de cancer ».

L’AIEA continuera d’œuvrer avec les pays du monde entier pour lutter contre le cancer et tiendra à la fin de ce mois sa première grande conférence internationale de l’année : La Conférence internationale sur les progrès en radio-oncologie (ICARO-3). Des experts renommés du monde entier y examineront les meilleures pratiques en radiothérapie et les possibilités que peuvent offrir la technologie, la physique médicale et les innovations moléculaires ou biologiques utilisant les découvertes les plus avancées de la science et des applications nucléaires et dérivées du nucléaire. Pour en savoir plus sur ICARO-3, cliquez ici.

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