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Maintenir la sûreté et l’efficacité de la radiothérapie : Entretien avec un éminent expert en dosimétrie

Tiré du Bulletin de l’AIEA
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David Followill, directeur de l’unité d’imagerie et de radio-oncologie (IROC), Centre d’assurance de la qualité de Houston, Université du Texas.

Q : La dosimétrie est utilisée pour maintenir la sûreté et l’efficacité de la radiothérapie, mais comment s’assurer de sa fiabilité ?

R : L’erreur est humaine. Il peut s’agir d’une erreur isolée, qui porte sur un faisceau de rayons X ou d’électrons, ou d’une erreur systémique, qui concerne tous les faisceaux à l’œuvre dans la radiothérapie. Des erreurs de ce type peuvent passer inaperçues si personne ne revérifie les doses. Les audits dosimétriques qu’effectue l’IROC Houston et ceux réalisés par l’AIEA, ou d’autres établissements dans le monde, sont essentiels pour assurer la précision et la constance des doses.

Les audits sont des examens par des pairs indépendants portant sur les traitements par radiothérapie administrés dans une clinique. Les cliniques reçoivent des dosimètres passifs (appareils conçus pour mesurer la dose de rayons absorbée) qu’elles vont irradier et renvoyer au programme d’audit en vue de leur évaluation. Les résultats de l’audit indiquent si les cliniques mesurent les doses correctement et les aident à repérer et à corriger toute erreur éventuelle. Cette vérification par des tiers permet de s’assurer de l’exactitude des mesures de dosimétrie.

Q : Que faut-il selon vous pour élaborer et maintenir un programme de dosimétrie dans un établissement ?

R : Tout programme de dosimétrie d’une clinique doit commencer par la formation solide de physiciens médicaux. Ceux-ci doivent non seulement savoir utiliser le matériel de dosimétrie, mais aussi bien comprendre comment il fonctionne afin de pouvoir déterminer si les valeurs sont correctes ou non. Ils doivent toujours être critiques, vérifier constamment les informations et être disposés à reconnaître toute erreur qu’ils pourraient avoir commise.

Chaque clinique doit avoir du matériel fiable, faisant l’objet d’un étalonnage et d’examens d’assurance de la qualité fréquents, afin d’obtenir des valeurs correctes et cohérentes. Grâce à une formation supplémentaire et à des rapports d’examen par des pairs, les professionnels de santé peuvent mieux comprendre les limitations des ressources et y faire face. C’est seulement ainsi que les cliniques peuvent s’assurer au mieux que les patients reçoivent la dose correcte.

Une physicienne médicale installe le matériel lors d’un audit sur site dans un centre de protonthérapie.

(Photo : J. Montgomery/Centre de cancérologie MD Anderson)

Q : En quoi la coopération internationale, comme celle établie entre l’AIEA et l’IROC Houston, améliore-t-elle la dosimétrie dans le monde ?

R : L’IROC Houston et l’AIEA collaborent depuis le début des années 1980 et sont probablement les deux plus grandes entités qui effectuent des audits. Ensemble, nous contrôlons beaucoup d’établissements dans le monde entier, élaborons des programmes pour les hôpitaux locaux et mettons en commun des techniques et des connaissances sur la meilleure manière de réaliser les audits.

Nous comparons aussi nos mesures de dosimétrie : nous irradions des dosimètres identiques de nos programmes respectifs pour vérifier que nous obtenons les mêmes mesures de doses. Nous apprenons non seulement l’une de l’autre, mais aussi des résultats reçus des hôpitaux.

Ces échanges nous donnent confiance en notre système et dans le fait que nous diffusons des valeurs correctes et précises. Ils nous permettent aussi de mettre au jour des questions qui n’ont peut-être pas été décelées par le personnel des cliniques. Ainsi, nous améliorons notre capacité à effectuer des audits, comprenons pourquoi les personnes font des erreurs et améliorons l’efficacité de notre travail. Étant donné que le nombre d’appareils de radiothérapie dans le monde augmente, nous cherchons constamment des moyens d’améliorer notre efficacité et notre processus de travail.

Q : Quels progrès sont réalisés en dosimétrie ?
Comment voyez-vous l’avenir dans ce domaine ?

R : Des progrès sont faits en permanence, mais ils sont de plus en plus nombreux en ce qui concerne les appareils donnant une vision globale du traitement. En effet, différents appareils de mesure de dose peuvent être utilisés pour vérifier les doses correspondant à une partie ou à l’ensemble du traitement juste avant que celui-ci soit administré. Cette vérification de la dosimétrie dans le cadre de l’assurance de la qualité concerne l’ensemble du processus, de l’imagerie à la radiothérapie. Elle permet de revérifier sur place la dose qui va vraiment être administrée par le système avant d’exposer un patient.

Cependant, il faut toujours s’assurer que les éléments de base d’un programme de radiothérapie sont correctement mis en œuvre. Nous utilisons toujours beaucoup le fantôme d’eau (modèle physique utilisé pour l’étalonnage), la chambre d’ionisation et le système d’électromètre pour effectuer des mesures. En matière d’audits, nous employons encore les méthodes de base, car il nous faut des outils transportables d’une clinique à une autre. Ce type de dosimétrie, qui existe depuis des décennies, est la norme et est largement utilisé.

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